Choisi en mai 2017 par Emmanuel Macron, Nicolas Hulot a tenu un peu plus d'un an au Gouvernement. Confronté aux lobbys, il estime qu'il n'a obtenu que des petits pas et non la transition écologique promise par le Président. "Je prends la décision de quitter le gouvernement". Alors que la rumeur de son départ court depuis plusieurs mois, Nicolas Hulot a annoncé ce matin sur France Inter sa démission du gouvernement d'Edouard Philippe. Le ministre démissionnaire de la Transition écologique et solidaire évoque "une décision sereine, un acte de sincérité avec [lui] même" : il "ne [veut] plus [se] mentir [et] donner l'illusion que [sa] présence au gouvernement signifie qu'on est à la hauteur" sur les enjeux environnementaux.
Sur le fond, le porteur du Pacte écologique de 2007 explique qu'il s'est souvent senti seul face aux urgences écologiques. "Je suis tout seul à la manœuvre", résume-t-il. Et de déplorer d'avoir "un peu une influence [mais] pas de pouvoir [ni] les moyens". Il dénonce aussi le mode de fonctionnement des hommes politiques qui ne se hissent pas au-dessus de la mêlée pour défendre un enjeu supérieur. Finalement, "nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus, mais est-ce que les petits pas suffisent ?", interroge-t-il. Nicolas Hulot ne veut plus "s'accommoder" de ces petits pas alors que la situation "exige que l'on change de paradigme".
"Est-ce que nous avons commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à réduire l'utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce-que nous avons commencé à enrayer l'érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce-que nous avons commencé à se mettre en situation d'arrêter l'artificialisation des sols ? La réponse est non", résume Nicolas Hulot au sujet de la politique environnementale française. A l'opposé, "on s'évertue à entretenir et réanimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres".
Nicolas Hulot précise qu'il a pris sa décision lundi soir, à l'issue d'une journée à l'Elysée qui a abouti à l'annonce de mesures en faveur des chasseurs. Pour autant, la décision a été "murie cet été", explique-t-il. Il attendait de la rentrée politique "un affichage clair" qui engagerait l'ensemble du gouvernement (…) "avec [lui] à [ses] côtés pour porter, incarner, proposer, inventer, cette société économique (sic)". Cet espoir, né de "longues discussions" avec le Premier ministre et le Président de la République, est semble-t-il déçu. A l'opposé, il regrette de "[ne pas avoir réussi] à créer une complicité de vision avec le ministre de l'Agriculture".
Certains arbitrages, pris alors que Nicolas Hulot peinait à défendre son plan biodiversité, constituent-ils la goutte d'eau de trop ? Nicolas Hulot ne s'est pas exprimé sur la réforme de la chasse. Il a toutefois expliqué que la présence non-annoncée de Thierry Coste, lobbyiste de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et conseiller "chasse" du candidat Emmanuel Macron, "est probablement un élément qui a achevé de [le] convaincre". Elle est "symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir", critique l'ancien ministre qui veut "poser ce sujet sur la table". Cette réunion vient clore "une accumulation de déceptions".
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