Le secteur de la formation professionnelle va-t-il se transformer en un grand supermarché, sans guide ni repère pour le salarié ou le demandeur d’emploi ? Présentée lundi par la ministre du Travail, la réforme, qualifiée de «big bang» par Muriel Pénicaud elle-même, a pour ambition de rapprocher au maximum les salariés des offres de formation en limitant, autant que faire se peut, les différents filtres ou intermédiaires. Un mouvement de plus vers l’individualisation, qui s’inscrit dans la logique du compte personnel de formation (CPF), mis en place en 2015, et permettant de conserver ses droits en cas de changement d’entreprise ou de passage par la case chômage.
le CPF ne sera plus crédité en heures mais en euros. Chaque salarié à temps plein verra ainsi son compte abondé de 500 euros par an, dans la limite de 5 000 euros, soit dix ans. Pour les non-qualifiés, le versement sera même de 800 euros, avec un plafond à 8 000 euros. Pour les salariés à temps partiel travaillant au moins à mi-temps, l’abondement sera le même que pour les salariés à temps plein.
Alors que les partenaires sociaux avaient envisagé d’augmenter l’abondement actuel de 24 heures à 35 heures par an, le gouvernement justifie ce passage en euros par des raisons de justice sociale : la formation d’un cadre étant plus chère que celle d’un ouvrier, cette transformation en euros, pour un versement identique pour tous, avantagerait les moins qualifiés.
Hors temps de travail, tout salarié pourra choisir de suivre la formation qui lui sied. Fini les listes limitatives qui le cantonnaient aux formations de son champ professionnel. Certes, dans les faits, les listes étaient déjà largement ouvertes et permettaient de suivre une formation très éloignée de sa profession. La pratique devient néanmoins la règle : un informaticien pourra se payer des cours de pâtisserie, le soir ou sur ses congés, dans le cadre d’un projet professionnel… ou pour son simple plaisir. Le gouvernement va même créer une application mobile pour que chaque salarié ou demandeur d’emploi puisse «s’inscrire à la formation et la payer directement [avec son CPF, ndlr], sans appel à un intermédiaire et sans validation administrative». Il pourra aussi, se réjouit le gouvernement, «choisir sa formation en fonction des commentaires laissés» par ceux qui l’ont éprouvée.
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