La majorité du maire écologiste de Grenoble a tremblé sous la pression. La modification du règlement des piscines municipales introduisant, notamment, l’autorisation du burkini a finalement été adoptée à deux voix près, dans la soirée du lundi 16 mai. Vingt-neuf élus ont voté en faveur de cette délibération, sur les cinquante-huit présents. Les quatorze conseillers des quatre groupes d’opposition ont voté contre, et deux conseillers municipaux se sont abstenus. Le maire, Eric Piolle (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), a donc vu treize élus de sa majorité s’opposer à sa proposition. Il s’agit de la première dissension publiquement exprimée au sein de l’exécutif dirigé par l’ancien prétendant à la candidature écologiste à l’élection présidentielle.
La délibération portait sur plusieurs modifications du règlement intérieur des piscines municipales, comme l’accompagnement obligatoire des mineurs à partir de 12 ans, l’obligation des bonnets de bain ou le délai d’expulsion porté à un mois en cas de mauvais comportement. C’est l’article 10, portant sur les tenues de bain, qui a retenu toute l’attention. Le texte interdit les shorts et les tee-shirts flottants et impose des « tissus spécifiques à la baignade, ajustés près du corps », pouvant couvrir les bras et les jambes.
Sans le nommer, le nouveau règlement autorise de facto le burkini, maillot couvrant prisé de certaines femmes musulmanes et réclamé par l’association Alliance citoyenne après des occupations d’établissements nautiques. Le sujet a alimenté près de quatre heures de débats d’une assemblée municipale fiévreuse, placée sous les projecteurs médiatiques. Voix tremblantes, regards embués, doigts accusateurs : il a épuisé tous les registres de la confrontation démocratique, comme un concentré des passions françaises, ballottées entre les grands principes de laïcité et de liberté et les calculs électoralistes.
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