La France envisage de suspendre, et non d'annuler, la vente de deux navires porte-hélicoptères Mistral à la Russie dans le cadre d'un troisième niveau de sanctions lié à la crise ukrainienne, a déclaré mardi Laurent Fabius. "Ce qui est envisagé c'est la suspension de ces contrats", a précisé mardi sur Europe 1 Laurent Fabius, face à l'inquiétude des salariés des chantiers STX de Saint-Nazaire. "D'un côté on comprend bien que nous ne pouvons pas envisager de livrer en permanence des armements compte tenu de ce comportement (russe-NDLR), de l'autre il y a la réalité de l'emploi et de l'économie", a dit le ministre.
Samedi dernier, François Hollande avait déclaré que des sanctions liées à des accords militaires bilatéraux pourraient être décidées par Paris dans le cadre d'un troisième niveau de sanctions contre la Russie. Laurent Fabius a expliqué qu'en cas de remise en cause du contrat Mistral, la France demanderait "à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde".
A Moscou, le vice-Premier ministre russe a regretté la menace de la France de revoir sa coopération militaire avec Moscou, et estimé que la confiance que plaçait la Russie dans ce pays en tant que fournisseur d'armes fiable était ainsi entamée. "La France commence à entamer son capital de confiance en tant que fournisseur fiable, dans le secteur très sensible de la coopération militaire et technique", a dit Dmitri Rogozine, qui est chargé du secteur de l'armement.
La France et la Russie sont parvenues en mai 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à un accord sur la fourniture à la marine russe de quatre porte-hélicoptères de type Mistral, ou BPC (bâtiment de projection et de commandement). L'option pour deux d'entre eux n'a pas été levée à ce jour par Moscou. Le Vladivostok – construit pour moitié à Saint-Nazaire et à Saint-Pétersbourg et dont les essais en mer devaient se terminer la semaine dernière – doit être livré à la marine russe fin 2014. Un deuxième BPC baptisé Sébastopol, du nom de la ville de Crimée où la marine russe stationne sa flotte depuis l'indépendance de l'Ukraine, doit être livré en 2016.
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