C’est une petite bombe que le gouvernement s’échine à désamorcer depuis trois jours. Elle a été lâchée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui a estimé dimanche que si la création d’emploi repartait, il pouvait « être légitime de réduire la politique sociale sur l’emploi ». Une piste pour diminuer la dépense publique. Problème, dans le même temps, une note de la direction du budget évoquait la possibilité de revoir certaines aides sociales ou de réduire leur montant pour tenir les cordons de la bourse…
Voilà donc le gouvernement contraint de se lancer dans une vaste opération déminage : « Il n’y aura pas de remise en cause des aides sociales », a dû certifier la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à l’Assemblée. Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, auquel revient d’ordinaire le rôle de serrer la vis budgétaire, avait ouvert le bal matin même, jugeant qu’il ne fallait pas « toucher aux prestations sociales individuelles ». Et admettant des « différences de sensibilités » avec Bruno Le Maire, lequel martèle qu’il n’a jamais dit vouloir toucher aux aides sociales individuelles.
Un ministre observe de loin ces « petites bisbilles » entre les deux transfuges de la droite, la façon dont « il se tirent la bourre », comme le jeu de Darmanin qui tente « d’incarner une droite sociale ».
Quoi qu’il en soit, le trouble est semé…Et demeure cette question : couac ou ballon d’essai mal envoyé ? Se refusant de jouer « l’arbitre des élégances » entre les deux hommes forts de Bercy, Benjamin Griveaux s’est fendu de cette mise au point à l’issue du Conseil des ministres : « Rentrer sur la question des prestations sociales par un angle strictement budgétaire n’est pas la bonne manière de procéder », a-t-il tranché.
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