La réaction au sommet de l’Etat ne s’est pas fait attendre. Après le premier ministre, l’Elysée s’est « ému » de l’annonce selon laquelle le groupe pharmaceutique Sanofi servirait en priorité les Etats-Unis s’il trouvait un vaccin contre le Covid-19. « Les efforts déployés ces derniers mois montrent qu’il est nécessaire que ce vaccin soit un bien public mondial, extrait des lois du marché », a ajouté la présidence jeudi 14 mai, tout en précisant qu’Emmanuel Macron recevrait des dirigeants de Sanofi en début de semaine prochaine pour en discuter.
Il serait « inacceptable » que le groupe pharmaceutique français serve en priorité les Etats-Unis avait d’abord fait savoir, jeudi 14 mai dans la matinée, la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, au micro de Sud Radio . Edouard Philippe, qui a échangé jeudi avec le président de Sanofi, a affirmé dans un tweet que « l’égal accès de tous au vaccin n’est pas négociable ». Le président du conseil d’administration, le Français Serge Weinberg, « m’a donné toutes les assurances nécessaires quant à la distribution en France d’un éventuel vaccin Sanofi ».
C’est également le message que répète le groupe depuis mercredi soir, assurant qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir quant au fait que certains pays seraient privés d’un tel traitement. Dans la soirée, le groupe avait précisé dans un communiqué que « la production sur le sol américain sera[it] principalement dédiée aux Etats-Unis et le reste de [ses] capacités de production sera[it] alloué à l’Europe, à la France et au reste du monde », s’engageant toutefois à ce que son éventuel vaccin « soit accessible à tous ».
Théoriquement, « l’objectif, c’est que le vaccin soit disponible à la fois aux Etats-Unis, en France et en Europe de la même manière », a promis jeudi le patron du groupe pour la France, Olivier Bogillot, dans un entretien à BFM-TV. Mais, dans les faits, cela sera possible « si les Européens travaillent aussi rapidement que les Américains », a-t-il précisé. Le responsable de Sanofi a ainsi renvoyé les autorités européennes à leurs responsabilités, soulignant que les Etats-Unis avaient déjà promis plusieurs centaines de millions d’euros, en plus de faciliter les démarches réglementaires pour permettre les recherches. « Les Américains sont efficaces en cette période. Il faut que l’UE soit aussi efficace, en nous aidant à mettre à disposition très vite ce vaccin », a insisté M. Bogillot, rapportant en être au stade des « pourparlers » avec les autorités européennes ainsi qu’avec des pays comme la France et l’Allemagne.
Mercredi, le directeur général du groupe, Paul Hudson, a affirmé que Sanofi servirait « en premier » les Etats-Unis s’il trouvait un vaccin, car ce pays « partage le risque » des recherches dans le cadre d’un partenariat avec l’Autorité pour la recherche et le développement avancés dans le domaine biomédical (Barda). Le gouvernement américain « a le droit aux plus grosses précommandes », car les Etats-Unis « ont investi pour essayer de protéger leur population », a-t-il argué dans un entretien à l’agence de presse Bloomberg. Il a précisé que cette avance pourrait être de quelques jours ou de quelques semaines.
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