Mardi 26 juin, lors de son tout premier déplacement au Vatican, le président de la République va voir le Pape. Les deux hommes doivent se rencontrer pour la première fois, et ces quelque trente minutes de tête-à-tête pourraient conduire à un rapprochement inattendu, non pas religieux, mais diplomatique: pour la sauvegarde de la construction européenne. Le pape catholique comme le président de la république laïque ont une conscience aiguë du risque actuel de rupture historique de l'élan européen.
"Il ne va pas revenir avec une calotte écarlate sur la tête, ni en robe de bure, et il ne va pas non plus servir la messe à Notre-Dame". Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on s’essaie à l’humour alors que des critiques s’élèvent avant la remise au président de la République de son titre de "premier et unique chanoine honoraire de Latran". Le député de la France insoumise Alexis Corbière dénonce "un mépris de la laïcité". Dans la Croix, le bras droit de Jean-Mélenchon estime "qu’en tant que président de la République laïque, il n’est pas correct de recevoir ainsi un titre religieux, même de manière honorifique". "Ce titre n’a aucune dimension spirituelle, assure de son côté l’Elysée. Vous êtes chanoine de Latran dès que vous êtes président, cela fait partie du package. C’est comme quand vous avez la légion d’honneur. Vous n’êtes pas obligé de vous la faire remettre, mais vous l’avez quand même."
Dans le programme d’Emmanuel Macron, la cérémonie, qui consiste en la remise d’une stalle dans la basilique, est prévue sans prise de parole, à 14h30, entre un déjeuner à la Villa Bonaparte, l’ambassade de France au Vatican et une rencontre avec les religieux français résidant à Rome. Le matin même, le chef de l’Etat aura rencontré pour la toute première fois le pape François, avec qui il s’est entretenu une unique fois au téléphone, après le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris.
Emmanuel Macron a déjà livré sa propre adresse aux catholiques le 9 avril dernier au Collège des Bernardins. Onze ans après Nicolas Sarkozy à Latran, il a fait lui aussi bondir les défenseurs de la laïcité en assurant vouloir "réparer", le lien "abimé" entre l’Eglise et l’Etat. Mais ces deux discours n’auraient, toujours à en croire l’Elysée, "rien à voir". Un conseiller assure-même que "celui de Nicolas Sarkozy était un éloge de la foi tandis que celui d’Emmanuel Macron était une analyse de ce que la foi peut apporter à ceux qui l’ont".
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