Bernard Tapie a été placé en garde à vue à l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, qui dispose d'une salle spécialisée pour les personnes nécessitant une surveillance médicale. Il est entendu du fait du contexte d'«escroquerie en bande organisée». Un chef d'inculpation retenu pour les autres acteurs du dossier mis en examen ces dernières semaines: l'ex-juge arbitre Pierre Estoup, Stéphane Richard, l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde, et Jean-François Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), instance chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais. Les juges ont estimé que les trois hommes avaient pu pousser l'État et le CDR «à accepter un compromis d'arbitrage contraire à leurs intérêts». Les enquêteurs s'interrogent sur les liens qu'entretient l'homme d'affaires avec le juge Pierre Estoup, qui semble avoir eu un rôle central dans la procédure d'arbitrage. Selon les éléments publiés par Le Monde, l'ancien magistrat est soupçonné d'être intervenu dès 1998 en faveur de Bernard Tapie, lors d'un procès visant l'Olympique de Marseille. Une dédicace rédigée par l'homme d'affaires et retrouvée au domicile de Pierre Estoup intrigue particulièrement les policiers: «Votre soutien a changé le cours de mon destin». Bernard Tapie doit également être interrogé sur ses fréquentes visites à l'Élysée entre 2007 et 2012, alors que les enquêteurs soupçonnent les services de la présidence d'être intervenus pour privilégier l'arbitrage. Pour se justifier, l'homme d'affaires évoque des rencontres amicales avec Nicolas Sarkozy, dont il avait soutenu la campagne en 2007. Mais au fil des interviews, Bernard Tapie a reconnu à demi-mot avoir participé à une réunion clé fin juillet 2007 à l'Élysée. Étaient présents Stéphane Richard, Jean-François Rocchi, Claude Guéant, ex-secrétaire général de la présidence, son adjoint François Pérol et Patrick Ouart, alors conseiller justice de l'Élysée. C'est au cours de cette réunion que Claude Guéant aurait tranché en faveur de l'arbitrage, assure Stéphane Richard.
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