L'Irak a dit vendredi redouter une "guerre dévastatrice" après l'assassinat sur son sol par les Etats-Unis du puissant général iranien Qassem Soleimani et de son premier lieutenant, une escalade qui a suscité des promesses de vengeance de la part de Téhéran et de ses alliés. C'est le "tir de précision d'un drone", selon un responsable militaire américain à l'AFP, qui a pulvérisé en pleine nuit les véhicules à bord desquels se trouvaient les deux hommes, à la sortie de l'aéroport de Bagdad. Ce raid, qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde, a été ordonnée par le président américain Donald Trump lui-même, d'après le Pentagone.
Soleimani, un dirigeant des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, est mort sur le coup, tout comme Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires majoritairement pro-Iran désormais intégrés à l'Etat irakien. Selon un responsable local, le commandant irakien, ennemi numéro un des Etats-Unis en Irak depuis des décennies, "était venu chercher Qassem Soleimani à l'aéroport, ce qui d'habitude n'arrive pas". "Il l'a accueilli ainsi que deux autres visiteurs et leurs véhicules ont ensuite été touchés", a-t-il ajouté.
Il s'agit de "la plus importante opération de "décapitation" jamais menée par les Etats-Unis, plus que celles ayant tué Abou Bakr al-Baghdadi ou Oussama Ben Laden", les chefs des groupes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda, a commenté Phillip Smyth, spécialiste américain des groupes chiites armés.
Les bruits de bottes ont été à la hauteur du choc en Irak et en Iran, où Soleimani était perçu comme absolument intouchable. L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, et le président Hassan Rohani ont appelé à venger cette mort. Et, à Téhéran, des dizaines de milliers de personnes manifestaient dans l'après-midi aux cris de "A mort l'Amérique". "L'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle", a dit M. Rohani.
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