Le gouvernement français a opté pour un déconfinement prudent encore assorti de nombreuses obligations à partir de lundi, maintenant en "rouge" quatre régions dont l'Ile-de-France, soit plus du tiers de la population, où les collèges et les parcs resteront fermés. Après deux mois de confinement globalement respecté sur l'ensemble du territoire qui ont permis une nette décrue de la pandémie, "la France est divisée en deux", a constaté jeudi le Premier ministre, accompagné de nombreux ministres, lors d'une conférence de presse à Matignon: il a ainsi justifié "un processus très progressif, au minimum sur plusieurs semaines, pour sortir doucement mais sûrement du confinement en France".
Selon le dernier bilan officiel, publié jeudi soir par la Direction générale de la Santé (DGS), le virus a causé 25.987 décès depuis le 1er mars, soit 178 de plus sur les dernières 24 heures, dont 9.601 dans les établissements médico-sociaux et les Ehpad (+29). Et la pression sur les services de réanimation continue de s'alléger, avec 186 patients Covid-19 en moins: le total repasse ainsi pour la première fois sous la barre des 3.000 malades dans ces services (à 2.961). Pour cette raison, parce que le virus circule encore et que la tension et le risque de saturation dans les hôpitaux l'exigent, quatre régions - Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté - restent classées en rouge ainsi que le département de Mayotte, où le déconfinement est carrément renvoyé au-delà du 11 mai.
Ce qui place 32 départements au total et près de 27 millions d'habitants dans un confinement encore très contrôlé. Tout le reste du pays passe au vert sur la carte. Mais même dans ces régions, les plages resteront fermées avec des réouvertures au cas par cas, sur autorisation des préfets. La France "est prête pour tester massivement" les personnes présentant des symptômes du coronavirus ainsi que celles avec lesquelles elles ont été en contact, a également assuré le ministre de la Santé Olivier Véran.
Tout en desserrant l'étau, le gouvernement maintient ou instaure de nombreuses obligations : masques dans les transports en commun sous peine de 135 euros d'amende; attestations exigées de l'employeur pour les déplacements aux heures de pointe dans les transports en Ile-de-France; création d'une nouvelle attestation justifiant d'un "motif professionnel ou familial impérieux" (dont les deuils et l'aide aux personnes vulnérables) pour les voyages à plus de 100 km de son domicile à vol d'oiseau, a précisé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Sur le plan économique, dès lundi, ce sont "400.000 entreprises qui représentent 875.000 emplois qui vont rouvrir", a compté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire citant salons de coiffure, commerces d'habillement, fleuristes, librairies: "C'est la vie sociale et économique qui va pouvoir redémarrer" - mais toujours ni bars, ni cafés, ni restaurants. Les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés pourront rouvrir, sauf en Ile-de-France, où le ministre de la Santé Olivier Véran a demandé aux entreprises "de recourir au maximum au télétravail" et aux habitants de limiter leurs déplacements au strict nécessaire. Et selon le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, "un million d'enfants" reprendront dès mardi le chemin de l'école, soit "80% à 85%" des 50.500 établissements du pays.
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