Suivi par près de 88 millions de personnes, le compte du président américain@realDonaldTrump affiche désormais une page totalement vide. Deux jours après l’irruption brutale de partisans pro-Trump au Capitole, Twitter a définitivement suspendu le compte du président américain, expliquant avoir pris cette mesure inédite face au « risque de nouvelles incitations à la violence » qui circulent sur le réseau social depuis quelques jours.
« Twitter essaie de me réduire au silence », a immédiatement protesté Donald Trump. Les proches et soutiens du président américain ont également crié à la censure. « Cette décision pose un évident problème démocratique », explique Florence G’sell, spécialiste du droit numérique américain, et responsable de la chaire Digital de Sciences Po. « L’empêcher aujourd’hui de s’exprimer, c’est une décision extrêmement lourde », ajoute-t-elle, rappelant que « Twitter a été l’outil de la conquête du pouvoir de Donald Trump » et que ce dernier a tout même récolté « le suffrage de plus de 70 millions d’électeurs américains » lors de la dernière présidentielle.
Le milliardaire américain va probablement contester dans les prochains jours la suspension de son compte Twitter, « même si les recours ont très peu de chance d’aboutir », estime Florence G’sell. En attendant, son fils Donald Trump Jr, craignant d’être lui aussi débarqué de Twitter, a proposé à ses abonnés de se servir de son site personnel comme « boîte aux lettres » pour pouvoir continuer à communiquer. « Ne les laissez pas nous faire taire. Inscrivez-vous à http://DONJR.COM pour rester connecté ! », a tweeté samedi le fils du président américain.
Ces derniers jours, Facebook et d’autres services comme Instagram, Snapchat ou Twitch ont eux aussi suspendu pour une durée indéterminée le profil du locataire de la Maison Blanche. La plateforme de discussion Reddit, d’ordinaire assez permissive, a également fermé un populaire forum de fans du chef d’Etat pour avoir enfreint son règlement sur l’incitation à la haine. Après la suspension de ses différents comptes sur les réseaux grand public, le président américain est plus seul que jamais. Quelle pourrait donc être la nouvelle caisse de résonance de Donald Trump et de ses partisans ?
En attendant de pouvoir un jour retrouver les canaux de communication traditionnels, Donald Trump pourrait se replier sur des alternatives plus marginales, comme les réseaux sociaux Gab ou Parler. Depuis quelques jours, ces deux applications ultra-conservatrices sont devenues le refuge des partisans du président américain ulcérés par la politique de modération des réseaux grand public comme Twitter ou Facebook. Face à la « fréquentation record » ces dernières heures, le réseau social Gab a même dû ajouter des serveurs. « 12 millions de visites au cours des 12 dernières heures, la croissance est en train d’exploser », s’est réjoui samedi le patron de ce réseau social. Le réseau social Parler a aussi fait le plein d’abonnés, c’était l’application la plus téléchargée samedi dans les stores aux Etats-Unis.
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