Le gouvernement a présenté jeudi son plan d'économies d'énergie, élaboré avec les principaux secteurs économiques et de la vie quotidienne, pour permettre au pays de passer l'hiver sans coupure mais aussi le préparer aux bien plus vastes efforts exigés par l'urgence climatique. "La baisse de la consommation d’énergie doit s’inscrire dans le temps long. Ce n’est pas un effet de mode, le temps d’un hiver. C’est une nouvelle manière de penser et d’agir", a déclaré la Première ministre Elisabeth Borne, en clôturant au Parc des expositions une grand-messe avec vue sur Paris et la Tour Eiffel réunissant ministres, patrons et autres responsables.
Le gouvernement a sonné la "mobilisation générale" pour atteindre dans deux ans "10% de réduction de consommation énergétique" par rapport à 2019, et suivre la trajectoire de -40% préconisée pour 2050 par les experts du climat. Des services publics aux entreprises, en passant par le sport et le logement, des dizaines de mesures doivent dans l'immédiat permettre d'affronter un hiver délicat, puisque plusieurs réacteurs nucléaires d'EDF sont à l'arrêt et que le gaz russe n'arrive plus ou presque en Europe. Les mesures phares incluent l'appel à moins chauffer et moins éclairer, l'encouragement au télétravail dans les administrations, ou encore l'incitation financière au covoiturage.
"Si la nation toute entière arrive à tenir cet objectif, qui est purement volontariste - il ne faut pas de décret de loi, de choses compliquées -, si on se mobilise tous pour le tenir, dans les pires scénarios on passe l'hiver", a assuré Emmanuel Macron en défendant le plan devant des entrepreneurs. "Cela ne veut pas dire 'produire moins' ou 'aller vers une économie de la décroissance'. Pas du tout, la sobriété ça veut juste dire 'gagner en efficacité'", a-t-il affirmé. Un demi-siècle après le premier choc pétrolier et sa fameuse "chasse au gaspi", les Français vont ainsi devoir réapprendre à réduire leur consommation électrique aux heures de pointe, matin et soir, et à brûler moins de gaz tout au long de l'hiver, pour économiser les réserves.
Le principal "gisement d'économies" se trouve dans le fameux maintien de la température intérieure à 19°C, dans le code de l'énergie depuis 1978, mais Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a assuré qu'il n’y aurait "pas de police des températures". Du côté de l'Etat, qui se veut "exemplaire", on cible aussi le bâti (deux tiers de sa consommation), les véhicules et les achats responsables. L’indemnisation télétravail sera revalorisée de 15% à 2,88 euros par jour. Pour autant, le télétravail n'a d'intérêt sur le chauffage que s'il permet de fermer des bâtiments pendant plusieurs jours de suite. Quant aux entreprises privées, leurs représentants étaient plus tièdes. Les partenaires "n'ont pas souhaité avancer sur la généralisation du télétravail", a dit le président délégué du Medef, Patrick Martin, s'interrogeant sur le bilan énergétique d'une telle mesure.
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