Le garde des Sceaux François Bayrou a appris, vendredi 19 mai, qu'il aura lui-même affaire à la justice à l'occasion d'un procès pour diffamation. Ce dernier doit pourtant porter la première loi du quinquennat, celle sur la moralisation de la vie publique.
Il ne s'agit là ni de malversation ni de corruption ou même d'agression. La plainte émane d'El Sistema France. Née en 2010 en Loire-Atlantique, cette association à but non lucratif s'inspire du programme d'éducation musicale El Sistema, développé au Venezuela en 1975, qui propose l'apprentissage de la musique classique comme un outil d'inclusion sociale à destination d'enfants défavorisés.
L'affaire remonte au 28 septembre 2015. Ce jour-là, lors du conseil communautaire de Pau-Pyrénées qui rassemble les élus des 14 communes de l'agglomération paloise, le maire François Bayrou critique vertement les motivations de l'association qui propose alors de lancer à Pau un projet de ce type.
Le maire MoDem de Pau se lance dans une diatribe contre l'association, diffusée sur Web-TV Pau-Pyrénées, accessible sur DailyMotion. Selon la plainte, il accuse El Sistema France de "s'enrichir indûment en instrumentalisant des expériences humanistes et musicales à son profit" et "en tentant d'extorquer des contributions financières aux communes qu'elle démarche".L'association porte alors plainte pour "diffamation publique". Une instruction est ouverte et François Bayrou est mis en examen le 30 novembre 2016, puis renvoyé devant le tribunal correctionnel le 3 avril 2017. En effet, en matière de diffamation, la mise en examen est automatique, ce qui ne signifie donc pas que le juge estime que le délit est constitué.
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