Les cheminots marocains de la SNCF ont "gagné" après un long combat: la cour d'appel de Paris a condamné mercredi la compagnie ferroviaire dans l'affaire des 848 "Chibanis" qui la poursuivaient pour discrimination. Il était impossible dans l'immédiat de connaître le montant total des dommages et intérêts, ni même le nombre précis de cas de discriminations reconnues. En première instance, la SNCF avait été condamnée à plus de 170 millions de dommages et intérêts.
La centaine de Chibanis ("cheveux blancs" en arabe) présents mercredi à la cour d'appel ont attendu une heure, dans une ambiance grave et joyeuse à la fois, pendant que les avocats consultaient une partie des arrêts rendus. Puis leur avocate est sortie, les bras en l'air et émue aux larmes, pour annoncer que c'était "gagné", avant d'être portée en triomphe. "Il y a eu aujourd'hui la confirmation des condamnations (pour discrimination) obtenues en première instance en matière de carrière et de retraite et nous avons obtenu en plus des dommages et intérêts pour préjudice moral" et pour "préjudice de formation", a déclaré Clélie de Lesquen-Jonas, sous les vivas et les sifflets.
Les cheminots, marocains pour la plupart (la moitié ont été naturalisés), ont été embauchés entre 1970 et 1983 par la SNCF, majoritairement comme contractuels, et n'ont pas bénéficié du "statut" plus avantageux des cheminots, réservé aux ressortissants européens, sous condition d'âge. Des "contractuels sont partis (en retraite) à 65 ans, alors que les cadres permanents sont partis à 55 ans", a ainsi expliqué à l'AFP Brahim Ydir, un des plaignants. "On a travaillé dix ans de plus" qu'eux avec des salaires inférieurs, sans avoir "le droit de monter les grades" ni d'avoir accès "aux soins gratuits", a-t-il dit.
La décision de la cour d'appel est une "reconnaissance" des discriminations subies, cela "nous soulage un peu, mais la blessure est profonde", a réagi un autre plaignant, Ahmed Mikali, saluant une justice qui "a bien fonctionné dans ce cas".
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