Fuyant les persécutions du régime birman à leur encontre, près de 300 000 civils Rohingyas ont été contraints de se réfugier au Bangladesh depuis fin août. Alors que l’ONU évoque un bilan d’un millier de morts et parle d’un “exemple classique de nettoyage ethnique”, de nombreuses voix se sont élevées contre le silence d’Aung Sang Suu Kyi. Parmi elles, celles de plusieurs Prix Nobel de la paix, comme le dalaï-lama, la Pakistanaise Malala et le Sud-Africain Desmond Tutu. Début septembre, une pétition a été mise en ligne pour demander au comité Nobel de retirer son prix à Aung San Suu Kyi. En quelques jours, elle a recueilli plus de 400 000 signatures.
“Il est difficile de défendre les actions d’Aung San Suu Kyi, ou plutôt son manque d’action […], écrit le site américain Quartz. Mais ignorer les contraintes de la matrice politique dans laquelle elle évolue serait une erreur.” En effet, l’armée détient toujours une grande partie du pouvoir en Birmanie, notamment en matière de défense et de maintien de l’ordre, rappelle le site, tandis que la majorité bouddhiste du pays est largement hostile aux musulmans, accusés de fomenter des violences et d’être des migrants. Enfin, la dirigeante fait son possible pour éviter que l’armée n’aille encore plus loin face à cette minorité, assure Quartz : “Malgré toutes ses erreurs, Aung San Suu Kyi constitue peut-être le dernier rempart entre les Rohingyas et un génocide en bonne et due forme.”
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