"Etre aux manettes, en responsabilité".Edouard Philippe, prédécesseur de Jean Castex au poste de Premier ministre, publie avec le député européen Gilles Boyer Impressions et lignes claires, aux éditions Jean-Claude Lattès. Et a donné à cette occasion une longue interview au journal le Point. A l'heure où il est encore considéré comme l'une des personnalités politiques françaises les plus populaires, l'ex-Premier ministre dit ne pas avoir l'oeil collé aux sondages. Il ironise d'ailleurs en se qualifiant d'homme politique "le moins impopulaire". "Ni la popularité ni l'impopularité [...] ne doivent guider l'action", explique-t-il. "Ce qui compte, ce sont les idées, les principes, et je veux me battre pour ceux auxquels je tiens." Mais à la question de savoir comment il compte les défendre, Edouard Philippe répond un simple "vous verrez". Tout juste admettra-t-il aimer "être aux manettes, en responsabilité".
Quelques commentaires sur la présidentielle qui se profile. "Je n'ai pas renoncé à la vie politique", clame-t-il. Mais à l'évocation d'un possible second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022, il refuse de commenter les sondages, assurant qu'il se consacre pleinement à sa ville du Havre. Il affirme néanmoins qu'il ne faut pas écarter la possibilité d'une victoire de Le Pen, adressant au passage un petit pic à la présidente du Rassemblement national, "héritière" du capital politique et économique de son père. Edouard Philippe livre ses vérités sur la manière de gagner cette élection : "Ce serait une lourde erreur de se présenter à l'élection présidentielle contre quelqu'un. On se présente devant les Français, et on essaie d'obtenir leur adhésion parce qu'on pense qu'il faut aller dans telle direction." Impossible, pourtant, de savoir si ces conseils sont adressés à un hypothétique candidat présidentiable, au président sortant… ou à lui-même.
L'ancien chef du gouvernement défend son bilan. Décrivant son passage à Matignon, lors d'une période inédite marquée par la pandémie, l'ex-Premier ministre défend son bilan. Il dit ne pas avoir de regret concernant la gestion de la pandémie. Il admet en revanche la nécessité de prendre des décisions difficiles qui l'ont fait "pleurer de rage et de tristesse", comme celles de fermer les bars, les restaurants ou encore les écoles. Concernant les stocks de masques, il affirme s'être tenu aux recommandations de l'OMS. Après le trac maladif qui avait marqué son arrivée à Matignon, Edouard Philippe décrit une séparation d'Emmanuel Macron s'étant presque faite en douceur. Il fait ainsi taire certaines rumeurs, suggérant sa mise à l'écart par le Président.
Esquisse d'un projet pour la France. Peu avare de références à De Gaulle, Edouard Philippe partage ses idées sur divers sujets, de l'économie aux enjeux de société. Ainsi, il qualifie la dette de "sujet difficile qui ne doit pas être mis sous le tapis", ajoutant : "Nous ne voulons pas que la France rejoigne un jour le club des Etats qui ont été dépassés par leur propre dette." Il se pose en défenseur de la laïcité, une "notion essentielle de la République", une "originalité" française et la preuve de l'aspiration du pays à "l'universalité". Questionnant la pertinence des appartenances droite-gauche, il n'en oublie pas pour autant son passé de député UMP puis LR : défenseur de l'économie de marché, pourfendeur des "taux d'impositions trop hauts" et avocat de la "valeur travail".
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