Quelques jours avant l'ouverture du grand débat national, qu'il avait promis de mettre en place dans son allocution télévisée du 10 décembre, Emmanuel Macron a tenu un autre engagement formulé ce jour-là : s'adresser aux Français dans une lettre. "Françaises, Français, je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire œuvre utile pour l’avenir de notre pays", affirme-t-il dans ce message, publié dimanche 13 janvier. Autour de 32 questions "essentielles" à ses yeux, il trace les grandes lignes des débats qui se tiendront ces prochaines semaines partout en France.
Pour Emmanuel Macron, le grand débat national qui s'ouvre est "un grand pas en avant pour notre République". Pour "transformer les colères en solutions", il souhaite que "le plus grand nombre de Français (...) puisse participer". Il assure que partout sur le territoire, tout le monde pourra"participer à des débats près de chez soi ou s'exprimer sur internet pour faire valoir ses propositions et ses idées". "Nous ne serons pas d'accord sur tout, c'est normal, c'est la démocratie", écrit-t-il, tout en assurant qu'"il n'y a pas de question interdites". Pourtant, Emmanuel Macron cadre le débat, en posant au total 32 questions autour de quatre grands axes de discussion. Le premier porte sur l'impôt et la dépense publique, le deuxième sur l'organisation de l'Etat, le troisième sur la transition écologique, et enfin le quatrième sur la démocratie, la citoyenneté et la laïcité.
Qu'adviendra-t-il des sujets qui ne rentrent pas dans ces quatre catégories ?"Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n'importe quel sujet concret dont vous auriez l'impression qu'il pourrait améliorer votre existence au quotidien", assure-t-il. Dans cette lettre, Emmanuel Macron souhaite évidemment s'adresser aux "gilets jaunes", pour qui la baisse de la fiscalité a été l'un des combats initiaux. "L'impôt, lorsqu'il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s'investir dans les entreprises, créant ainsi de l'emploi et de la croissance", écrit-il, avant d'interroger : "Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ?"
Pour autant, "nous ne pouvons poursuivre les baisses d'impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique", rappelle le chef de l'Etat, à ceux qui seraient tentés de réclamer des baisses de fiscalité sans chercher de nouvelles recettes. Pour conserver l'équilibre, il demande donc aux Français de trouver des moyens de faire des économies, en proposant notamment de "supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité".
Pas question non plus de réinstaurer l'impôt sur la fortune, supprimé au début du quinquennat. Depuis le début de la crise des "gilets jaunes", Emmanuel Macron refuse de céder sur le sujet, et ce malgré une très large adhésion de l'opinion à son rétablissement dans les sondages. "Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises (...) afin d'encourager l'investissement et faire que le travail paie davantage. Elles viennent d'être votées et commencent à peine à livrer leurs effets", affirme-t-il, sans toutefois citer nommément l'impôt sur la fortune.
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