Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry ont tous trois inspiré le programme présidentiel d’Emmanuel Macron. Mais dans une note confidentielle publiée ce samedi 9 juin par Le Monde, les trois économistes se montrent sceptiques quant à son application. Ils suggèrent ainsi au chef de l’État un rééquilibrage social de sa politique.
Selon eux, “beaucoup de Français craignent que les réformes bénéficient au pays, mais les laissent eux-mêmes de côté”. Dans ce document, les trois économistes regrettent que “la lutte contre les inégalités d’accès” ne soit pas plus apparente dans la politique du gouvernement. Pour opérer un virage social, ils demandent au président de présenter des “objectifs concrets” en matière de sous-emploi des jeunes, sortie du chômage de longue durée, et ouverture des postes de responsabilité.
“Il importe de se montrer aussi audacieux dans la lutte contre les rentes et les privilèges d’en haut que dans le combat contre les corporatismes d’en bas”, souligne le texte, qui regrette l’absence d’une “voix forte” pour porter le message social “à l’intérieur du gouvernement” et pointe du doigt des réformes incarnées par des ministres “étiquetés à droite”. Le trio d’économistes donne également son avis sur une série de mesures. Selon eux, “il ne faut pas réduire la prime d’activité qui permet à la fois de réduire la pauvreté des travailleurs modestes et d’inciter au retour au travail”.
Concernant les ménages, ils conseillent de revoir la fiscalité de l’investissement dans le logement en organisant “l’extinction” des aides à la pierre qui “réduisent très fortement l’impôt sur le revenu des bénéficiaires et affectent le budget de l’Etat”. Ils encouragent aussi le président à taxer plus lourdement les “très grosses successions”, car “les enfants des innovateurs sont souvent des rentiers”.
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