Face à la fronde des petits commerçants, qui déplorent d’être obligés de fermer durant le deuxième confinement tandis que les grandes surfaces peuvent rester ouvertes, le gouvernement a réagi dimanche. Jean Castex a annoncé la fermeture des rayons vendant des biens « non essentiels » dans les supermarchés. Cette décision, loin de calmer la grogne des commerçants, a suscité de nouveaux débats sensibles dès ce lundi, tant sur la concurrence du commerce en ligne que sur le caractère arbitraire de ce choix, le gouvernement devant publier mardi un décret listant les biens « essentiels ».
La mesure doit entrer en vigueur mercredi, dans un climat de contestation des restrictions liées au reconfinement.
Des rayons bâchés et beaucoup de questions. La confusion régnait ce lundi dans certains supermarchés, après l’annonce, dimanche soir, de l’interdiction de vendre des produits « non essentiels », dans le cadre du nouveau confinement. Interpellé par les commerçants et les élus, le gouvernement a voulu prendre une mesure « d’équité » entre les magasins spécialisés, obligés de fermer au public, et la grande distribution, dont les enseignes restent ouvertes car elles vendent notamment des denrées alimentaires. Mais il n’est pas parvenu à clore un débat révélateur d’un manque d’adhésion à ces nouvelles restrictions sanitaires.
Depuis l’annonce du reconfinement le 28 octobre, les tribunes et appels se sont multipliés pour maintenir ouverts les commerces de proximité, avec des protocoles sanitaires adaptés. Le gouvernement a écarté cette option, préférant interdire la vente dès mercredi, dans les grandes surfaces, « des produits qui (…) sont d’ores et déjà interdits dans les commerces de proximité », au nom de « l’équité ». Ainsi, il sera interdit d’y proposer des livres, puisque les librairies n’ont pas le droit d’ouvrir, et ainsi de suite pour les fleurs ou les jouets.
Après cette annonce, les critiques ont redoublé. La Fédération de la grande distribution (FCD) a déploré une solution « perdant-perdant ». « En faisant fermer certains rayons dans la grande distribution le gouvernement gêne des familles modestes sans régler pour autant les difficultés des commerces de proximité », a déploré sur Twitter Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France. Pour l’UFC-Que Choisir, c’est une « une hérésie ». Pour son président, « le critère de biens essentiels, au lieu de celui de la capacité à réguler les flux, assurer de la distanciation, etc. manque de pertinence, au-delà du fait qu’il est arbitraire. »
|