Reprendre l’école le 11 mai? Pour les syndicats d’enseignants, cette décision politique est "irresponsable, dangereuse et impossible". Leur réprobation au sujet de la réouverture des classes se fait d’autant plus forte que le Conseil scientifique s’est dit, samedi, favorable à leur fermeture jusqu’en septembre. La divergence affichée entre le gouvernement et les scientifiques ne fait que renforcer le sentiment "d'insécurité" à moins de deux semaines de la rentrée du 11 mai.
La Fédération syndicale unitaire s’interroge: "A quoi sert de s’entourer d’un comité scientifique si son avis n’est pas pris en compte et que c’est une décision politique qui prévaut? Sur quelle autre autorité médicale s’appuie donc cette décision politique?". Selon la première organisation syndicale de l'éducation nationale, "la date du 11 mai est largement prématurée au regard de la capacité de maîtrise actuelle du risque sanitaire affichée par le ministère".
Le Conseil scientifique - qui a pris acte de la “décision politique” du gouvernement - a établi une liste de règles de distanciation qui devront être adoptées dans les établissements scolaires, notamment faire en sorte que les tables de classes soient espacées entre elles d'un mètre ou que les élèves ne soient en contact qu'avec les camarades de leur propre classe. "Mission impossible", répond Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement. "La somme de toutes les préconisations du Conseil, si elles étaient retenues, est infaisable dans l'état actuel de nos capacités, avec du personnel qui ne sera certainement pas présent à 100%", craint-il.
"Nous attendons désormais de voir la déclinaison qui sera adoptée mais les avis différents du ministre, du gouvernement, du Conseil scientifique montrent un manque de concertation et cela créé un sentiment d'insécurité chez tout le monde", regrette Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. Reprise étalée sur trois semaines selon les niveaux, possibilité pour les parents de refuser d'amener leur enfant à l'école... Depuis une semaine, l'Elysée, Matignon et la rue de Grenelle ont effectivement évoqué des scénarios plus ou moins précis, chaque nouvelle annonce apportant son lot de questionnements.
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