Frappé par une vingtaine de suicides en un an et demi, France Telecom fait aujourd'hui face à une inquiétante multiplication des cas, attribués par les syndicats au stress et à la dureté des restructurations. Lundi matin, c'est une salariée de 53 ans qui a été retrouvée inanimée dans une agence de Metz, après avoir avalé des barbituriques. Cadre d'une agence chargée du service client, elle aurait appris que sa mission était terminée et qu'elle allait probablement être mutée.
Un peu plus tard dans la journée, le technicien qui s'était poignardé en pleine réunion mercredi à Troyes, a expliqué son geste «prémédité». «C'est le ras-le-bol qui a motivé mon geste, cela m'est venu au moment où l'on m'a précisé que je n'étais plus bon à rien», a-t-il raconté, parlant d'un acte «organisé pour dénoncer les conditions» de travail dans l'entreprise. Et de décrire surtout un management «à l'usure et à la pression psychologique sciemment organisé par France Telecom».
«Il est en train d'arriver ce que nous redoutions le plus, un effet de contagion, lâche lundi la direction du groupe. La priorité absolue depuis vendredi est de tout faire pour arrêter cette spirale infernale». Actionnaire majoritaire avec une participation de 26%, l'Etat a décidé de s'emparer du dossier, au lendemain du suicide d'une jeune femme de 32 ans, qui s'est jetée par la fenêtre de son bureau parisien vendredi.
Le PDG, Didier Lombard, doit être reçu mardi par le ministre du Travail, Xavier Darcos. Le gouvernement lui a demandé de réunir un conseil d'administration consacré à cette série de suicides, «incroyable dans une seule entreprise», selon l'expression du ministre du Budget, Eric Woerth.
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