Le projet de loi définissant l'interdiction du voile intégral en France a été présenté, mardi 19 mai, en conseil des ministres. Le texte devrait être examiné à l'Assemblée en juillet, pour un vote mi-septembre. S'il est adopté, les policiers seront amenés à le faire appliquer.
"Nous comptons sur les forces de l'ordre, le Conseil français du culte musulman, les associations en lien avec les mairies pour sensibiliser ces femmes et leur expliquer que le port du voile contrevient aux principes républicains." a affirmé la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie, au Parisien. Pour Yannick Danio, délégué national du syndicat Unité SGP-Police, "ça prête à sourire". Comme nombre de ses collègues, il se demande bien comment la loi pourrait être appliquée.
Si verbaliser ne pose pas de problème particulier, comment faire cesser l'infraction ? "Il faudra demander à la femme voilée qu'elle enlève son voile, ce ne sera pas sans incident." Même constat pour Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance : "On se servira des policiers et des gendarmes comme de boucs émissaires." Aucun d'entre eux n'imagine, devant une mosquée, demander à une femme de retirer son voile intégral. "Que faudra-t-il faire avec les femmes des Emirats qui dorment au Ritz ?" ironise Yannick Danio.
On demande "un mode d'emploi vis-à-vis du voile", insiste Yannick Danio. "Dans 90 % des cas, ça va partir au clash. On va avoir énormément de refus, qui vont dégénérer en insultes, donc en outrages. Donc un délit, suivi d'une garde à vue, avec les familles devant le commissariat. Ça va prendre des proportions énormes. Or, on a justement des consignes dans certaines zones où l'on nous dit de lever le pied pour éviter que ça pète", témoigne un policier sur Rue 89.
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