Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris de 1981 à 2005, est mort dimanche à Paris, à l'âge de 80 ans, des suites d'une grave maladie. Juif polonais converti au christianisme dont la mère était morte à Auschwitz, Mgr Lustiger a été profondément marqué par le singulier parcours qui l'a porté à la tête de l'archevêché de Paris. "Pas un instant je n'oublie l'histoire que je représente", revendiquait-il en juin 1995 lors de sa nomination à l'Académie Française en remplacement du Primat des Gaules, le cardinal Albert Decourtray, autre artisan du dialogue judéo-chrétien.
Né en 1926 à Paris dans une famille de bonnetiers consciente de ses racines mais peu religieuse, Aaron, devenu Jean-Marie, est ordonné prêtre le 17 avril 1954. Médiatique bien que timide, cet homme d'Eglise se sentait investi d'une mission universelle dans l'Eglise depuis sa conversion à 14 ans.
Aumônier des étudiants de la Sorbonne et des grandes écoles, puis curé de la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal à Paris (XVIe), il est nommé évêque d'Orléans en 1979, puis archevêque de Paris en 1981, et cardinal en 1983. Auteur de nombreux ouvrages sur la foi, il s'inquiétait des dérives de la modernité tout en étant un homme d'ouverture.
Proche de la société civile, à l'aise dans tous les milieux sociaux, intellectuel charmeur, "Juif égaré" pour les uns, "drôle de paroissien" pour les autres, personnalité atypique, brillante, parfois rugueuse, Mgr Lustiger ne laissait pas indifférent, provoquant, jusqu'au sein de l'Eglise, admirations ou rancoeurs.
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