« Compte tenu de l’importance du sujet et de la gravité des faits établis, le président a demandé au gouvernement de formuler de nouvelles propositions qui seront examinées lors d’un prochain Conseil de défense au début du mois de juin », écrivait l’Élysée, ce mercredi après-midi, à l’issue du Conseil de défense national (CDSN) consacré au rapport choc sur les Frères musulmans. Derrière ces termes laconiques… La colère froide d’Emmanuel Macron.
Le président s’est livré à un sévère recadrage de ses ministres au cours de ce rendez-vous au sommet. « Il a été assez raide », rapporte un participant, tandis qu’un autre évoque « un rappel à l’ordre très, très, ferme ». Objet de ce profond mécontentement : le chef de l’État a estimé que les propositions qui lui étaient faites pour enrayer l’entrisme n’étaient pas à la hauteur de la situation. Résultat, il a retoqué la copie du gouvernement et enjoint ses ministres, à commencer par le locataire de Beauvau Bruno Retailleau, de remettre l’ouvrage sur le métier… C’est donc son insatisfaction qu’il faut lire entre les lignes, avec cette consigne : « Il faut des propositions qui soient à la mesure de la gravité », résume un proche du dossier. Au delà du fond et des mesures qu’il veut « ferme » face aux fréristes, le chef de l’Etat s’est aussi attardé sur la manière rappelant l’exigence d’avoir une communication qui ne stigmatise pas les musulmans.
Mais ce n’est pas tout. Alors que ce « CDSN » devait statuer la déclassification d’une partie du rapport, le chef de l’État s’est agacé des fuites dans la presse. Dès mardi matin, des extraits de ce document explosif ont ainsi été dévoilés par « Le Figaro ». Et ce n’est rien de dire que cela a agacé le chef de l’État, qui a jugé nécessaire de rappeler devant tout le monde que « sur un sujet aussi grave, il faut faire les choses dans l’ordre » retrace un témoin. Comprendre entre les lignes qu’il a jugé cette communication brouillonne et au service d’une opération politique. Visé, sans le dire : le ministre de l’Intérieur, soupçonné d’avoir alimenté les médias en amont pour faire monter la mayonnaise. « Ils sont ulcérés que Retailleau ait fait sortir le rapport avant le CDSN », décode sans fard un député macroniste.
Au final, stipule le succinct communiqué de l’Élysée, « le Président de la République a décidé la publication du rapport sur les frères musulmans et l’islamisme politique en France. Celle-ci sera effective d’ici la fin de la semaine ». Avec à la clé des éléments nouveaux, Emmanuel Macron souhaitant frapper les esprits et marquer l’opinion : la version qui sera dévoilée sera moins expurgée que celle qui circulait jusqu’alors.
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