« Le milliard » réclamé par les associations n’est toujours pas à l’ordre du jour mais quelques annonces malgré tout. Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé ce lundi 25 novembre quatre mesures destinées à lutter contre le fléau des violences faites aux femmes, à l’occasion de la journée internationale de lutte. En marge d’une visite à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu à Paris, Michel Barnier a dit « la détermination » et « l’engagement » du gouvernement sur ce sujet. « Il n’y a ni n’aura aucune forme de tolérance vis-à-vis de ces violences », a-t-il déclaré, évoquant notamment le procès des viols de Mazan qui a rouvert le débat sur la définition du viol dans la loi et mis en lumière le sujet de la soumission chimique.
Pour lutter contre ce qui était jusqu’à récemment un angle mort des violences faites aux femmes, le Premier ministre a annoncé l’expérimentation d’un kit de détection remboursé par l’Assurance maladie pour détecter facilement toute trace de substances dès le lendemain d’une agression présumée. Cette annonce vient concrétiser une demande de Sandrine Josso, députée MoDem elle-même victime de soumission chimique et chargée depuis d’une mission pour le gouvernement sur ce sujet. Auprès du HuffPost en octobre, l’élue insistait sur l’importance de rendre cet outil facilement accessible en pharmacie. « C’est le pire ennemi des prédateurs », faisait-elle valoir dans nos colonnes. Ce kit sera expérimenté « dans plusieurs départements », à titre expérimental et selon un calendrier encore à définir, a indiqué Michel Barnier.
Deuxième mesure : la généralisation d’ici fin 2025 du dépôt de plainte dans tous les hôpitaux de France possédant un service d’urgence ou un service gynécologique. C’est « une main tendue » aux victimes mais « une seule, pour éviter des démarches et parfois le découragement », a estimé le chef du gouvernement. En parallèle, il a annoncé l’implantation dans « chaque département » de France d’une Maison des Femmes avant fin 2025. Enfin, 7 millions d’euros de crédits supplémentaires seront débloqués pour la mise à l’abri - départ du domicile conjugal et autres frais liés - des victimes de violences conjugales.
Selon les chiffres du gouvernement, 93 féminicides ont été identifiés comme tels en 2023 et 270 000 personnes ont été victimes de violences conjugales, dont 85 % de femmes. La lutte contre les violences faites aux femmes est un « chemin très long », a souligné Michel Barnier. « On doit aller plus loin parce que ce chemin n’est pas fini ».
Le Premier ministre s’est aussi dit « ouvert » à une évolution de la définition législative du viol, alors que le procès de Dominique Pelicot et des 50 co-accusés interroge sur l’absence de la notion du consentement dans la loi française. Ce procès « marquera un avant et un après » et « nous attendons l’issue avec attention », a déclaré le Premier ministre. Le ministère public a requis ce lundi la peine maximale de 20 ans de réclusion à l’encontre de Dominique Pelicot. Le verdict est attendu d’ici décembre.
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