Le ministère n’a pas survécu au départ de sa ministre. Le remaniement présenté lundi acte la suppression du ministère des Outre-mer, dont la locataire, Yaël Braun-Pivet, a quitté les rangs de l’exécutif pour gagner le perchoir de l’Assemblée nationale. Son portefeuille échoit à Gérald Darmanin, sorti conforté de ce chamboule-tout gouvernemental, à la tête d’un super ministère « de l’Intérieur et des Outre-mer ». Pour l’épauler : deux ministres délégués, Caroline Cayeux chargée des collectivités territoriales, et Jean-François Carenco, pour la question des Outre-mer, ainsi qu’une secrétaire d’Etat, Sonia Backès, chargée de la citoyenneté. Cette configuration n’a rien d’inédite sous la Ve République, mais elle n’a pas manqué de soulever le scepticisme – pour ne pas dire l’exaspération – de nombreux élus ultramarins, pour qui la disparition d’un ministère de plein exercice trahit le peu d’intérêt porté par l’exécutif à des territoires souvent minés par le chômage et l’inflation.
« Il faut un vrai ministère des Outre-mer de plein exercice. Nos différents territoires méritent une prise en compte des problématiques sanitaires, sociales, économiques, environnementales, institutionnelles, humaines et constitutionnelles », a réagi dans un tweet la sénatrice de Guadeloupe Victoire Jasmin (PS). « J’ai appris la nouvelle avec étonnement, et je dois le dire, une dose d’irritation », rapporte à Public Sénat son collègue Victorin Lurel (PS), lui-même ancien ministre des Outre-mer de François Hollande. « Les Outre-mer se sont battus pour avoir un ministère indépendant. Lorsque j’ai été nommé par François Hollande, j’ai négocié trois choses : que l’on parle des Outre-mer et pas de l’Outre-mer, que je ne sois pas dépendant de Bercy mais directement du président de la République et, enfin, que je puisse composer moi-même mon cabinet », énumère le sénateur. « Et nous voilà revenus à la même situation que sous Nicolas Sarkozy ».
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