La révolte bretonne contre l'écotaxe contient tous les ingrédients du cauchemar politique que François Hollande s'efforce de conjurer depuis son élection : une agrégation spontanée de multiples franges de la société contre son action. Le concept porte un nom, celui de "coagulation". Il désigne le moment où des mouvements de contestation aux intérêts potentiellement opposés, comme ceux des salariés et des patrons bretons défilant sous le même bonnet rouge samedi à Quimper, se muent en crise politique majeure que seules des initiatives politiques radicales parviennent à désamorcer. "Il faut faire très attention à un pays qui vit depuis des années des sacrifices, des inégalités, des discriminations ou des sentiments de déclassement", jugeait Hollande, alerté par les révoltes populaires au Brésil, parties d'une simple augmentation du prix des transports en commun, ou celles de Turquie, nées de la contestation d'un projet d'urbanisme. La théorie de la "coagulation", qui peut provoquer un caillot fatal s'il n'est pas repéré et traité à temps, explique les reculades à répétition du président. De l'épisode des entrepreneurs "pigeons", aux dernières reculades sur le front fiscal, en passant par son offre de laisser la collégienne kosovare Leonarda terminer seule sa scolarité en France, les mouvements tactiques du président témoignent de sa vigilance sur le front social.
|