Quelques centaines de personnes se sont déjà rassemblées à Paris dans le calme, samedi après-midi, place de la Concorde puis rue Royale, bloquée par des camions des forces de l'ordre. Vendredi soir, une autre manifestation, elle aussi interdite en raison des restrictions imposées par la crise sanitaire du Covid-19, s'est déroulée à Strasbourg. Plusieurs milliers de jeunes vêtus de noir se sont rassemblés au cœur de la ville alsacienne pour rendre hommage à George Floyd, dire non au racisme et dénoncer les violences policières. D'autres rassemblements ont également eu lieu à Rouen, Caen et Clermont-Ferrand.
La colère qui gronde dans de nombreux pays depuis la mort à Minneapolis de cet Américain noir de 46 ans asphyxié par un policier blanc est particulièrement forte en France, où la police est aussi accusée de racisme. En 2016, notamment, la Cour de cassation a condamné l'État pour des "contrôles au faciès" régulièrement effectués par les forces de l'ordre. Plusieurs médias ont publié le contenu, jeudi 4 juin, de nombreux messages à caractère raciste partagés par des policiers français sur un groupe Facebook ou sur une messagerie privée Whatsapp.
Le site d'information Streetpress a ainsi révélé l'existence du groupe Facebook "TN Rabiot Police Officiel" censé être réservé aux forces de l'ordre. Visible sur le réseau social, il affiche 7 760 membres. Selon les captures d'écran publiées par le site, de très nombreux messages haineux, racistes, sexistes et homophobes y sont échangés. Certains qualifient de "sale pute" la chanteuse Camélia Jordana, qui a récemment dénoncé les violences policières. D'autres se moquent ouvertement de la mort des jeunes Zyed et Bouna en 2005, de Sabri à Argenteuil le 17 mai dernier, ou de Kémyl à Montigny-lès-Cormeilles le 27 mai.
L'actualité récente, et notamment la manifestation du 2 juin devant le palais de justice de Paris, a également inspiré les membres du groupe. "Toujours la même merde qui bravent tous les interdits dans ce pays. Les gauchiasses puants et les immigrés qui ne fera même pas 1/10 du quart de ça chez eux ! Comme Trump, il a dit du plomb !", peut-on lire en commentaire en référence au tweet du président américain mis en ligne après les débordements à Minneapolis. La publication de ces messages a poussé, le lendemain, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, à saisir la justice. Ce dernier avait promis mercredi une "sanction" pour "chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes" au sein des forces de l'ordre. Le parquet de Paris a donc ouvert, vendredi 5 juin, une enquête préliminaire, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), pour "injure publique à caractère raciste" et "provocation publique à la haine raciale".
|