Emmanuel Macron s'est levé tôt, ce mardi. Il n'est pas encore six heures quand le chef de l'État, blouse blanche sur le dos, commence à avancer entre les carcasses de viande du vaste marché de Rungis (Val-de-Marne). Pour son premier retour auprès des Français depuis les contestations autour de sa réforme des retraites, il a choisi de se rendre dans le «ventre de Paris», «l'un de ces lieux où l'on travaille et où l'on se lève tôt». Un terrain à connotation sarkozyste - «j'assume toutes les comparaisons avec mes prédécesseurs», a-t-il dit -, tout indiqué pour en appeler au «bon sens» de la population afin de «travailler un peu plus longtemps».
Interpellé entre les étals par des bouchers, le président de la République prévient : il «préfère la vérité qui fâche» à «un mensonge qui rassure». «On sait tous que, vivant plus âgés, il n'y a pas de miracle: si on veut préserver notre système par répartition, il faut travailler plus longtemps», déclare-t-il, entouré d'une délégation de professionnels et de ses ministres Marc Fesneau (Agriculture) et Olivia Grégoire (TPE-PME).
Le message est censé résonner dans l'opinion publique à l'approche de la prochaine mobilisation syndicale du 7 mars, qu'Emmanuel Macron souhaite voir se dérouler «dans le calme» et «le respect». Le chef de l'État espère faire redescendre les tensions d'ici là, d'où son coup de pression aux grands producteurs de carburant pour obtenir un nouveau «geste» sur les prix. Au-delà de la rue, le président s'adresse aussi aux sénateurs, qui doivent examiner à partir de mardi 28 février le projet de loi visant à reporter à 64 ans l'âge légal de départ, laissé sans vote par l'Assemblée nationale.
«Il y a trop de social. Les gens ils dorment, ils ne veulent pas se lever à deux heures du matin», lui lance un boucher. Emmanuel Macron se tourne vers la députée Insoumise du coin, Rachel Keke, à qui il signale la cocasserie de la scène : «Je viens de me faire engueuler, car monsieur dit qu'il y a trop de social !». «Je ne crois pas qu'il faille moins de social, répond le président, plus sérieusement. Il faut que le travail continue à payer davantage». À la clé de sa réforme des retraites, il promet «plus de richesses pour le pays», notamment pour financer l'Éducation nationale et la santé. Sans relayer les attaques de son camp contre la supposée «oisiveté» vantée par la gauche, il insiste : «Je crois dans le travail». Au point de souhaiter un large «débat» sur le sujet, à l'occasion d'un nouveau projet de loi «plein-emploi», annoncé pour le printemps.
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