« Il n’y a que la mafia et Projet Canto pour faire chanter un chef d’État ! » L’appli de chants traditionnels a bénéficié ce mardi 18 avril d’un immense coup de projecteur après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo d’Emmanuel Macron entonnant Le Refuge d’Edmond Duplan au côté de quelques chanteurs amateurs. Une première vidéo montrant la scène a été publiée peu après minuit sur la page Facebook « Projet Canto », vitrine d’une organisation et d’une application de chant éponymes. L’association se définit sur son site comme une défenseure du patrimoine, sauvegardant sous format numérique des chants populaires. elle assure également que le président a été interpellé par « une chorale d’amis qui répétait dans la rue » tard mardi soir.
Problème : Canto est régulièrement critiquée pour ses accointances avec l’extrême droite. Et surtout, quelques heures plus tôt, Emmanuel Macron était sur les écrans de télévision de plus de 15 millions de Français pour développer ses prochains « chantiers » pour la France, après la difficile séquence de la réforme des retraites.
Toujours sur sa page Facebook, Projet Canto ajoute : « Nous sommes très heureux de voir que cette chorale utilise l’application Canto. Nous sommes très heureux également que le Président de la République se soit servi de notre application ». Un autre post sur Instagram précise que cette poignée d’anonymes serait en fait le chœur St Longin dont les membres, tous des hommes, « chantent régulièrement leur foi à travers un répertoire sacré, leur amour du pays par des chants régionaux et leur amitié lorsque le spirituel cède sa place au spiritueux ».
Libération a révélé fin 2022 que le répertoire de cette application, rassemblant aujourd’hui environ 1 700 chants selon ses créateurs, comptait plusieurs classiques de l’extrême droite. Parmi eux : l’hymne de la Phalange espagnole, le mouvement fasciste de Primo de Rivera, ou encore des chants issus de l’Allemagne nazie. Le quotidien révélait par ailleurs que la structure avait reçu une subvention de 40 000 euros de la part du ministère de la Culture. Le Centre National de la musique, sous tutelle du ministère, a ouvert une enquête interne l’année dernière.
« Le chant politique fait partie de l’histoire du chant, c’est à ce titre qu’il est répertorié. Certains sont apparentés à l’extrême droite, d’autres à l’extrême gauche (...) notre choix est simplement de répertorier tous les chants populaires », répondait alors l’association à Libération. Le collectif antifasciste La Horde (qui mène une veille fouillée et active sur les groupes nationalistes) dévoilait pour sa part dans une autre enquête que l’un des responsables du projet avait un important passif en termes de militantisme d’extrême droite, étant notamment passé par les rangs du GUD : Charles Dor.
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