Depuis qu'Emmanuel Macron a fixé fin avril une échéance de cent jours pour « apaiser » , Elisabeth Borne, dont le sort et celui de son gouvernement font l'objet d'interrogations permanentes, n'a de cesse de le redire : « Je ne suis pas dans le commentaire, je suis dans l'action. » C'est encore ce que la Première ministre a déclaré dans un long entretien au « Parisien » dimanche.
La cheffe du gouvernement veut à tout prix se montrer en mouvement. Et tant pis si les émeutes ont largement percuté l'agenda gouvernemental , tant pis si les rumeurs sur un prochain remaniement vont à nouveau bon train, Elisabeth Borne essaie de se battre. De montrer qu'elle « délivre » comme elle le dit. Sur les « chantiers » des « cent jours », assure-t-elle, citant entre autres, les réformes engagées de France travail ou des lycées professionnels, comme sur l'urgence après les émeutes. Car, souligne-t-elle, au risque de donner l'impression d'un jour sans fin tant elle le répète à chacune de ses interventions : « on doit avoir une idée en tête : obtenir des résultats rapides et concrets pour les Français ».
Ces résultats, elle les souhaite déjà sur le calme dans les jours à venir, face à la demande très forte de fermeté après les émeutes. Selon un sondage OpinionWay pour « Le Parisien » publié dimanche, la sécurité est désormais le deuxième enjeu prioritaire pour les Français après le pouvoir d'achat. Un bond de 10 points depuis février. Elisabeth Borne promet donc des « moyens massifs pour protéger les Français », lors des « journées sensibles » des 13 et 14 juillet. Elle confirme que le gouvernement travaille à une amende forfaitaire pour sanctionner les mineurs « dès la première connerie » , selon l'expression d'Emmanuel Macron et que le projet de loi d'urgence pour la reconstruction sera présenté lors du prochain Conseil des ministres.
Quant à la loi immigration, Elisabeth Borne assure que l'objectif est bien qu'elle soit examinée cet automne. Sans pouvoir en dire plus, tant un accord avec LR, dont une partie s'est encore radicalisée avec les émeutes, paraît difficile. Interrogée sur l'expression de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui s'alarmait de voir un jour deux France vivre « face à face », la Première ministre se garde bien de répondre, renvoyant à un hypothétique futur « diagnostic » comme, publiquement, tout l'exécutif.
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