Engluée dans l'affaire du fonds Marianne et après plusieurs controverses qui ont émaillé son parcours au gouvernement, Marlène Schiappa a finalement été remerciée et a quitté le secrétariat d'État de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative. Sur Twitter, la « ministre depuis 2017, féministe depuis toujours », a donc tout simplement adressé une lettre à liseré tricolore en toute humilité. Extraits.
« Mon message pour vous » commence par rappeler son parcours politique : sept ans auprès du président de la République et six ans en tant qu'élue locale au Mans. « Ensemble, nous avons réussi à faire de la protection des femmes face aux violences conjugales un sujet de politique majeur », clame Marlène Schiappa. Les chiffres semblent donner un autre tableau, beaucoup plus inquiétant, avec 58 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon un décompte réalisé par le collectif Féminicides depuis le début janvier 2023. Le triste record de 2019, avec 146 femmes tuées, pourrait être, hélas, dépassé cette année.
L'ex-secrétaire d'État, d'abord à l'Égalité homme-femme puis à l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, quitte le gouvernement : « [J'ai] beaucoup de reconnaissance pour les personnes avec qui j'ai travaillé, pour celles qui m'ont soutenue, mais également pour toutes celles et tous ceux avec qui j'ai débattu. » Inclut-elle l'autrice Andréa Bescond qui lui avait reproché en mars dernier son manque de résultat durant l'émission C ce soir consacrée aux féminicides ? Sortie de ses gonds, la secrétaire d'État avait menacé de quitter le plateau et exigé la coupure de la séquence, en vain.
Les deux derniers paragraphes partent dans le lyrisme, frôlent même le slam. « J'ai sorti la politique de son vase vénitien pour l'apporter partout auprès de chacun considérant qu'il n'y a pas de sous-citoyens. » Une rime avec lissage brésilien aurait pu passer. « J'ai fait de la politique pour les mères célibataires en galère, à qui j'ai assuré le versement des pensions alimentaires », souffle la poétesse, déroulant un bilan sans nuage. « J'ai fait de la politique » devient une anaphore. Et Marlène Schiappa a fait de la politique pour beaucoup de monde, « des pères investis » aux « travailleurs étrangers méprisés ». De ceux « qui vivent dans des zones rurales comme la Sarthe [clin d'œil au Mans où elle a été conseillère municipale] » ou « dans des îles comme la Corse [re-clin d'œil à l'île de beauté qu'elle porte en pendentif autour du cou] ». Même « ceux qui se sentent à côté de leurs pompes » ont eu le droit à l'engagement politique de Marlène Schiappa.
En guise de bouquet final, Marlène Schiappa rappelle qu'elle sera toujours engagée. Elle continuera à « dessiner des traits d'union entre ceuxqui regardent TPMP et ceux qui écoutent les podcasts de France Culture, entre les anticapitalistes et les milliardaires, entre les aficionados du barbecue et les amateurs de soja germé ». Sandrine Rousseau fera-t-elle appel à ses services ?
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