Trois jours après l’offensive inédite lancée samedi 7 octobre par le Hamas depuis Gaza, Israël entreprend de reprendre la main sur la situation, bouleversé par l’attaque la plus meurtrière sur son territoire depuis sa création, un assaut de grande ampleur - terre, air, mer - en plein Shabbat qui a fait 900 victimes israéliennes. Dimanche soir, Tel-Aviv a officiellement déclaré la guerre au Hamas et lundi les forces israéliennes traquaient les membres du mouvement islamiste palestinien dans le sud d’Israël. Elles poursuivaient également leurs frappes aériennes contre des cibles à Gaza, où de nouveaux bâtiments ont été détruits.
Dans la journée de lundi, l’armée israélienne a ordonné un « siège » complet de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas. L’armée a annoncé avoir le « contrôle » des localités du sud d’Israël prises pour cible mais dit « qu’il pourrait y avoir encore des terroristes dans la zone ». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué une guerre « longue » contre le Hamas. Lundi soir des dizaines de milliers de soldats israéliens étaient déployés autour de la bande de Gaza, mince territoire côtier peuplé de 2,3 millions de Palestiniens.
Lundi, l’armée israélienne a annoncé avoir repris le « contrôle » des localités du sud du pays prises pour cible. « Nous sommes déjà au cœur de la campagne mais ce n’est que le début », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu à de hauts responsables locaux dans le sud d’Israël, là où des combattants du Hamas ont lancé leur attaque surprise. « Ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible (...), nous allons les vaincre avec de la force, énormément de force », a promis Netanyahu. À la suite de l’annonce du « siège » de Gaza, le ministre israélien de l’Énergie, Israël Katz, a ordonné la « coupure immédiate » de l’approvisionnement en eau de cette enclave palestinienne à laquelle Israël fournit 10 % de sa consommation annuelle. Pendant ce temps-là, les frappes sur Gaza se sont enchaînées. Benjamin Netanyahu a promis de réduire en « ruines » les caches du Hamas.
Par ailleurs, l’armée a décidé d’évacuer tous les habitants des alentours de Gaza. Plus de 123.000 Palestiniens ont été déplacés à l’intérieur de Gaza à cause des frappes, selon l’ONU. Mais le Hamas a menacé lundi en début de soirée de tuer des otages israéliens à Gaza en réaction aux raids israéliens sur l’enclave palestinienne, selon un communiqué. « Chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement, cela entraînera l’exécution d’un des otages civils (...). L’ennemi ne comprend pas le langage humanitaire et éthique, donc nous allons leur parler un langage qu’ils comprennent », a-t-il menacé dans un communiqué.
Plus d’une centaine de personnes ont été enlevées en Israël par le Hamas, selon le gouvernement.
L’armée israélienne estime à un millier le nombre de combattants du Hamas ayant participé à « l’invasion d’Israël », a déclaré un porte-parole sur le réseau social X (ex-Twitter). L’armée a par ailleurs annoncé avoir tué « plusieurs suspects armés » qui s’étaient infiltrés en Israël à partir du Liban. Le Hezbollah libanais, bête noire d’Israël, a affirmé lundi avoir bombardé deux casernes israéliennes, en réponse à la mort de trois de ses membres par des bombardements israéliens sur une zone frontalière au sud du Liban, sur fond de craintes d’escalade sur un autre front. Le Hezbollah ne doit pas prendre la « mauvaise décision » d’ouvrir un deuxième front contre Israël à la frontière avec le Liban, a prévenu lundi un haut responsable américain.
Selon le bureau de presse gouvernemental, plus de 900 Israéliens ont été tués depuis le début de l’offensive samedi. Le ministère israélien de la Santé a également fait état de 2 616 blessés.Côté palestinien, 687 personnes ont été tuées et 3.727 blessées, selon les autorités locales. Les échanges ont fait près de 1 400 morts de part et d’autre, selon les bilans officiels. Israël a reconnu que plus de 100 civils et militaires israéliens avaient été enlevés. Des étrangers, dont des Américains et des ressortissants du Paraguay notamment. Nombre de ressortissants d’autres pays, certains ayant aussi la nationalité israélienne, ont été tués dans l’offensive du Hamas, notamment 12 Thaïlandais, 10 Népalais, sept Argentins, deux Ukrainiennes, deux Français, un Russe, un Britannique, un Cambodgien et un Canadien, selon les autorités de ces pays. Quatre des otages aux mains du Hamas ont été tués dans les frappes israéliennes, a affirmé le mouvement palestinien. « Au moins huit Français seraient portés disparus, ou décédés ou pris en otage par le Hamas », selon le député français Meyer Habib.
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