“Je ferai tout dans les cinq années qui viennent pour qu’il n’y ait plus aucune raison de voter pour les extrêmes”. Emmanuel Macron a prononcé cette phrase le jour de sa victoire à la présidentielle, le 7 mai 2017, devant la pyramide du Louvre. Cinq and plus tard, c’est un échec cinglant. Au-delà de s’être retrouvé au second tour, pour la deuxième fois, face à Marine Le Pen à la présidentielle, c’est sous sa présidence que le RN signe une victoire historique à l’Assemblée nationale aux législatives, ce 19 juin 2022.
Avec 89 députés du Rassemblement national, selon les premières estimations d’Ipsos-Sopra-Steria pour France Télévisions, l’extrême droite aura un groupe puissant, à égalité avec LFI. La Nupes, toute comprise obtient 156 sièges selon le même institut, soit à peine une soixantaine de sièges de moins que la coalition du président “Ensemble”. Une opposition puissante, allant de l’extrême droite à la gauche radicale, face à un camp présidentiel affaibli.
Signe de cet échec, les plus proches d’Emmanuel Macron, Richard Ferrand, emblématique président de l’Assemblée nationale et Christophe Castaner, président du groupe LREM sont battus dans leurs fiefs du Finistère et des Alpes-de-Haute-Provence. Deux symboles, poids lourds de l’Assemblée sortante qu’il faudra remplacer. Vendredi 17 juin, deux jours avec ce scrutin, un conseiller de l’exécutif prévoyait déjà de sérieux problèmes pour le groupe En Marche: “Si Casta perd, on est dans la merde”. L’élection à sa succession sera à suivre avec attention dans les jours qui arrivent.
Autre marqueur visible dès le début de journée, la ministre de la Mer, Justine Bénin, a échoué en Guadeloupe. Dans le Pas-de-Calais, en début de soirée dimanche, c’est la ministre de la Santé, priorité du second quinquennat d’Emmanuel Macron, Brigitte Bourguignon est battue face à la candidate du RN, Christine Engrand. Enfin, symbole du gouvernement qui a pour mission “la planification écologique”, Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique est battue dans l’Essonne. Elles devront toutes démissionner du gouvernement.
Autre point à surveiller, le groupe Horizons qui pourrait lui aussi affaiblir le gouvernement si les ambitions d’Edouard Philippe s’affichaient clairement en vue de 2027. Selon Ipsos, les Philippistes devraient être autour de 26 députés pour leur entrée au Palais-Bourbon. Avec une majorité relative, la Première ministre Elisabeth Borne est en position de faiblesse. Réélue de justesse dans le Calvados, avec 53% de voix selon Harris Interactive pour M6, talonnée de près par son adversaire Nupes Noé Gauchard qui échoue à 47%, elle pourrait devoir affronter une motion de censure dès les premiers jours de son action à l’Assemblée. Car les groupes d’oppositions, s’ils s’unissent, seraient en capacité de réunir une majorité absolue sur cette motion et ainsi faire tomber son gouvernement.
Emmanuel Macron perd donc la majorité absolue qu’il avait et sera peut-être contraint - si ces derniers l’acceptent - de gouverner avec LR qui est donné à 78 sièges avec l’UDI et les Divers droite dans les estimations d’Ipsos.
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