Elisabeth Borne n'a "plus le crédit" pour gouverner, a estimé Marine Le Pen mardi à la sortie d'un entretien à Matignon avec la cheffe du gouvernement, qui consulte tous azimuts pour sortir de la crise des retraites. "Aujourd'hui la Première ministre, incontestablement, n'a plus le crédit auprès des Français, auprès des représentants que nous sommes, pour pouvoir mener sereinement un gouvernement", a affirmé la cheffe de file des députés Rassemblement national, après une rencontre de 45 minutes.
Le président Emmanuel Macron "aurait dû remanier (...) dès le lendemain" de la motion de censure déposée après le 49.3 utilisé sur la réforme des retraites. Cette motion rejetée à seulement 9 voix, "aurait dû la pousser (Mme Borne, ndlr) à proposer sa démission", selon la leader d'extrême droite. Interrogée sur l'interpellation à La Haye d'Emmanuel Macron par des opposants à la réforme des retraites, Marine Le Pen a estimé que le recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui a permis l'adoption sans vote de la réforme des retraites, "restera un véritable traumatisme".
"Le jeu démocratique a été effondré" car "cette réforme n'aurait pas dû passer", a-t-elle insisté. "Ca restera une cicatrice profonde au même titre peut-être, en terme d'intensité, que le référendum de 2005". Mme Le Pen faisait référence au référendum qui avait abouti au rejet de l'idée d'une Constitution européenne, projet néanmoins rétabli dans ses grandes lignes dans le Traité de Lisbonne de 2007. "Il y a des marqueurs comme ça qui font qu’une partie de plus en plus importante des Français ont le sentiment qu’il n’y a plus un fonctionnement démocratique correct dans notre pays", a-t-elle ajouté.
La leader d'extrême droite a également critiqué le "ralentissement du calendrier parlementaire" et du "rythme des textes présentés à l'Assemblée nationale" évoqués selon elle par Mme Borne: "je ne suis pas sûre que ce soit le bon médicament pour soigner la crise démocratique", a-t-elle jugé. Elle a rappelé à la Première ministre les "urgences absolues" auxquelles le gouvernement devrait à ses yeux répondre: "l'inflation alimentaire", "le chantier de l'ordre public", et les "déserts médicaux".
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