La Première ministre Élisabeth Borne va quitter son poste ce lundi 8 janvier, un an, sept mois et 23 jours après sa nomination en juin 2022, annonce Emmanuel Macron dans un tweet, au terme de plusieurs jours de doutes et de rumeurs. Le président de la République a donc choisi de remercier celle qui l’accompagne depuis son tout premier gouvernement en 2017 pour tourner la page d’une année 2023 difficile, marquée, entre autres, par l’adoption aux forceps de la réforme des retraites au printemps, le psychodrame de la loi immigration en décembre, et pas moins de 23 articles 49-3 en 19 mois.
Dans un communiqué envoyé à la presse dans la foulée de ce message sur les réseaux sociaux, l’Élysée ajoute : « Mme Élisabeth Borne a remis ce jour la démission du Gouvernement au Président de la République, qui l’a acceptée. Elle assure, avec les membres du Gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination du nouveau Gouvernement ». Deuxième femme seulement à endosser la fonction, Élisabeth Borne avait, avant Matignon, occupé le poste de ministre des Transports entre 2017 et 2019, puis de la Transition écologique entre 2018 et 2020, et enfin du Travail entre 2020 et 2022.
Avant ce dernier rebondissement, l’opiniâtreté de l’ancienne préfète et patronne de la RATP, sa capacité à « délivrer » des textes malgré les embûches, selon le vocable de la Macronie, lui auront permis de déjouer les pronostics à plusieurs reprises et de durer rue de Varennes. Au prix de nombreux renoncements ? La désormais ex-Première ministre, présentée comme une femme de gauche lors de son installation à Matignon, a dû défendre coûte que coûte une réforme des retraites décrite par l’ensemble des syndicats comme profondément antisociale avant d’accéder aux propositions et marottes de la droite la plus dure pour parvenir à faire passer une loi immigration.
Reste que son bail dépasse largement celui d’Édith Cresson, restée moins d’un an en fonction, et s’approche de celui de Jean Castex (un an et dix mois) ou des socialistes Jean-Marc Ayrault (même période entre 2012 et 2014) et Laurent Fabius (un an et huit mois entre 1984 et 1986). Les choses se sont accélérées ce lundi après un week-end plat, malgré les rumeurs persistantes d’un remaniement depuis la fin de semaine dernière. Emmanuel Macron s’est enfermé à la Lanterne dimanche et l’Élysée a laissé planer le suspense jusqu’à la dernière minute ou presque quant au sort de la cheffe du gouvernement.
Le Président de la République doit désormais choisir un nouveau Premier ministre. Plusieurs options sont sur la table selon des indiscrétions de presse : Sébastien Lecornu, ministre des Armées ; Gabriel Attal ministre de l’Éducation nationale, 34 ans ; l’ancien ministre de l’Agriculture et marcheur de la première heure, Julien Denormandie ou encore Bruno Le Maire, indéboulonnable ministre de l’Économie depuis 2017, le plus expérimenté mais le plus éloigné du président de la République. Voire une autre option jamais encore évoquée parmi les suppositions.
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