Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens Premiers ministres. Les avantages octroyés sans limite de temps aux ex-chefs du gouvernement, ainsi qu'à tous les ex-ministres, seront "supprimés" dès 2026, a annoncé le nouveau titulaire de la fonction, Sébastien Lecornu, lundi 16 septembre. Il n'est "pas concevable" qu'ils "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a justifié le Premier ministre, confirmant la mise en place dès le 1er janvier 2026 de cette mesure d'économies.
Ce tour de vis doit aussi concerner les mesures de sécurité accordées aux ex-membres du gouvernement. "La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée et reconduite en fonction de la réalité du risque", a détaillé Sébastien Lecornu sur X. Tous les autres moyens qui étaient mis à disposition à vie pour les anciens Premiers ministres – personnel et véhicule – "le seront dorénavant pour une durée limitée". Jusqu'ici, les anciens Premiers ministres (aujourd'hui au nombre de 17) ont droit à une voiture avec chauffeur pour une durée illimitée, sauf s'ils disposent déjà d'un véhicule dans le cadre d'un mandat ou d'une fonction publique. Cet avantage ne va pas disparaître, mais Sébastien Lecornu veut le limiter à une durée de dix ans après leur départ de Matignon, précise son entourage à franceinfo.
Cette limite de temps existe déjà, depuis un décret de 2019, pour l'autre avantage accordé aux anciens chefs du gouvernement : la mise à disposition d'un secrétaire particulier. Ce droit s'arrête par ailleurs à l'âge de 67 ans – ainsi, ni Michel Barnier, ni François Bayrou ne peuvent donc en bénéficier. Les ministres ayant quitté leurs fonctions avant 2019 ont encore droit à cet avantage jusqu'en 2029, quel que soit leur âge, même si certains (Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault et Edouard Balladur) ne le demandent plus, selon Matignon.
En 2024, les frais liés au secrétariat et aux voitures avec chauffeur des anciens Premiers ministres ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat, sans compter les mesures de sécurité. Une goutte d'eau à l'échelle de la dette française, qui s'élève à quelque 3 300 milliards d'euros, mais une somme comparable aux dépenses liées aux anciens présidents de la République (Nicolas Sarkozy et François Hollande), qui ont atteint 1,32 million d'euros en 2023. L'addition a par ailleurs augmenté en 2024 "du fait de la prise en compte de trois nouveaux anciens Premiers ministres au cours de l'exercice" (Elisabeth Borne, Gabriel Attal puis Michel Barnier), précisait Matignon en mai dernier, en réponse au député RN Matthieu Marchio.
Dans le détail, les anciens chefs de gouvernement ne pèsent pas tous autant dans le budget. Jean Castex, devenu président de la RATP, n'a droit qu'à un véhicule et n'a coûté à l'Etat que 4 225 euros en 2024. Rien n'a été dépensé cette même année pour Edouard Philippe, maire du Havre, ni pour Laurent Fabius, alors président du Conseil constitutionnel – un poste qu'il a cependant quitté en mars dernier, lui donnant à nouveau droit aux avantages des anciens Premiers ministres. Elisabeth Borne et Gabriel Attal, "une fois repris leur mandat de député, ne pouvaient également plus bénéficier que du recours à un véhicule de fonction et à un conducteur". A l'inverse, la note de Dominique de Villepin s'est élevée à 207 072 euros et celle de Bernard Cazeneuve à 198 290 euros.
"Les anciens Premiers ministres n'ont aucune enveloppe à leur disposition qu'ils pourraient dépenser à leur guise", s'était justifié ce dernier en 2024, auprès du Dauphine libéré. "Ils bénéficient d'un véhicule, d'un chauffeur et d'une protection. Il s'avère que j'ai été aussi ministre de l'Intérieur, notamment pendant les trois ans où j'ai été amené à lutter contre le terrorisme. Donc, je bénéficie de ce fait d'une protection qui m'accompagne en permanence, lorsque je me déplace."
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