“La campagne pour l’élection présidentielle française de mai 2027 vient peut-être de démarrer pour de bon, ce dimanche à Paris”, observe Blick. “La preuve ? Trois meetings politiques simultanés, autour de trois des principaux candidats dans la course à l’Élysée pour remplacer Emmanuel Macron, qui ne peut pas se représenter pour un troisième mandat”. Du côté des Invalides et du Rassemblement national (RN), “plus que de cette colère qui prévalait au lendemain de la décision de justice, c’est d’indignation qu’il fut question lors des prises de parole de Jordan Bardella puis de Marine Le Pen”, remarque le quotidien bruxellois. L’héritière du mouvement d’extrême droite a dénoncé une “décision politique” et une “chasse aux sorcières”, et, “comme depuis l’annonce du verdict, la semaine dernière”, elle a répété “comme une antienne : ‘Ce n’est pas une décision de justice, c’est une décision politique’ qui a ‘non seulement bafoué l’État de droit, mais aussi l’État de démocratie’”, rapporte La Libre Belgique.
De plus en plus “incendiaire” au fil de son discours, “devenant une sorte de Jeanne d’Arc, victime des juges”, elle a tenté “en vain d’éviter de pointer du doigt l’ensemble du pouvoir judiciaire”, comme pour “prendre ses distances avec le trumpisme systémique qu’elle prend le risque d’embrasser après des années passées à tenter de normaliser son parti”, analyse El País.
The New York Times souligne que “la condamnation de Mme Le Pen a été critiquée par des figures de droite internationales, dont le président Trump” et que “ses critiques du système judiciaire français faisaient écho aux griefs [du milliardaire] contre les tribunaux américains”.
“Mais elle a adopté un ton moins enflammé que M. Trump”, alors que son parti “s’efforce depuis plus de dix ans de remplacer son image radicale par une image de parti calme et prêt à gouverner”, juge le quotidien américain. Et d’observer lui aussi : “La manifestation ressemblait davantage à un meeting de campagne qu’à une manifestation chauffée à blanc.”
D’autant que les chiffres de participation étaient loin d’être mirobolants. Le Temps relève que “ce qui devait être un grand meeting de protestation n’a pas réussi à décoller”, le quotidien suisse décrivant une foule “bien clairsemée” devant les Invalides. De fait, la police évoquait la participation de 5 000 personnes, “un nombre bien modeste dans l’histoire des manifestations politiques, dans une France de 68 millions d’habitants”, tacle le quotidien conservateur ABC.
“Attaque en règle” contre la justice
Mais qu’on ne s’y trompe pas, avertit le quotidien espagnol. Pour relativement prudente qu’ait été Marine Le Pen dans son attaque contre le système judiciaire, et pour modeste qu’ait été la participation, “le combat contre les juges a commencé”.
Cela n’a pas échappé à Marine Tondelier, la cheffe des Écologistes, qui s’est exprimée “lors d’un rassemblement de gauche à quelques kilomètres de là, place de la République”, raconte The Guardian. Pour elle, “la défense de Le Pen équivalait” à “une théorie du complot total” et à “une attaque en règle contre l’indépendance de la justice”.
Si la manifestation de la gauche – à laquelle participait aussi La France insoumise (LFI), à défaut du Parti socialiste (PS) – était officiellement un contre-rassemblement face à celui du RN, l’événement organisé par Renaissance et son président, Gabriel Attal, était “déjà prévu avant le verdict de culpabilité de Le Pen”, précise l’édition européenne de Politico.
Mais il a pris “une nouvelle dimension après l’annonce de la tenue simultanée du rassemblement du RN”. Lors de son rassemblement, “Attal a accusé Le Pen d’attaquer les juges et les institutions françaises”, précise le site. “Nous, ici, nous ne disqualifierons jamais une décision de justice”, a-t-il ajouté, déclarant à l’adresse de Marine Le Pen : “Si tu voles, tu payes, surtout quand on est un responsable politique.”
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