Trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, la France, encore sous le choc de l’attaque islamiste d’Arras, a rendu hommage ce lundi à Dominique Bernard, professeur de français tué vendredi. Voici ce que l’on sait de « cet homme en or », assassiné alors qu’il s’interposait face à l’assaillant qui se dirigeait vers l’ensemble scolaire Gambetta. Dominique Bernard, avait 57 ans et était agrégé de Lettres modernes. Père de trois filles, il était marié à une enseignante. Il a été tué alors qu’il s’interposait vendredi matin face à l’assaillant qui se dirigeait vers le lycée, selon Emmanuel Macron. Il « a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies », a souligné le président de la République.
« C’était une personne en or », raconte Camille, 17 ans, sweat à capuche et cheveux en bataille, qui a été son élève pendant un an. « La preuve, c’est qu’il s’est sacrifié pour nous. » « Il était toujours là pour nous, c’était vraiment une personne extraordinaire », abonde Chloé, 17 ans, élève en terminale. « Je le revois encore hier à la récréation », souligne, ému, un de ses collègues, Philippe Lourdel, professeur de mathématiques dans ce lycée. Il décrit « un passionné », « un curieux », qui « aimait bien discuter de littérature, bien sûr, mais de sciences également ».
Dominique Bernard a fait toute sa carrière dans le Nord, rapporte Le Figaro, d’abord en enseignant quelques années en classe préparatoire à Lille, avant de revenir, il y a plus de quinze ans, à Arras, la ville où il avait passé son enfance. Il était aussi le cofondateur, avec Paule Orsoni, professeure de philosophie, de l’université populaire d’Arras, petite sœur de celle imaginée par Michel Onfray à Caen. « Il était optimiste, il avait toujours le mot pour rire et la distance nécessaire par rapport aux choses ».
« Dominique était agrégé, mais enseignait par choix au collège. Il aimait profondément son enseignement, les élèves, la littérature, la culture, tout ce qui peut faire d’un homme un honnête homme. C’était un fervent défenseur de la laïcité, à l’image de Samuel Paty », explique son ancienne collègue à Factuel. Cette année, il avait en charge plusieurs classes de cinquième. « Il était un peu sévère mais sympa », souligne un de ses élèves.
Dominique Bernard avait un chien, raconte de son côté Marianne. Il le promenait dans les rues de Berneville (Pas-de-Calais). Il nourrissait aussi des poules avec sa femme au fond d’un jardin. Il écrivait, il lisait, il aimait le cinéma. Il corrigeait des copies.
De nombreux hommages lui ont été rendus ce lundi, dans les collèges et lycées d’abord, mais aussi dans de nombreuses communes, où des rassemblements sont prévus. Une minute de silence a eu lieu à 14 heures dans toutes les écoles, collèges et lycées du pays « en mémoire des victimes des attentats commis contre notre école », selon les mots de Gabriel Attal. Car cette journée est aussi dédiée à la mémoire du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 par un jeune radicalisé.
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