En saisissant la main tendue de l’extrême droite, le président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti, n’ignorait rien de la symbolique du geste. Un accord entre, d’un côté, le lointain héritier du parti gaulliste, et de l’autre, un mouvement structuré par des hommes hostiles au général de Gaulle : anciens de l’Organisation armée secrète (OAS), ex-collaborationnistes, néofascistes.« Le Front national est historiquement l’adversaire, voire l’ennemi de la famille gaulliste, pour des raisons historiques, qui plongent leurs racines très loin », disait, en 2021, un homme qui avait de la mémoire : Eric Ciotti. Le Niçois, en faisant exploser LR par le biais d’un accord électoral périlleux avec Marine Le Pen, n’a pas seulement offert le scalp de son parti à son ennemi historique. Il a aussi accompli l’objectif personnel de la dirigeante d’extrême droite.
Depuis qu’elle a pris en 2011 les rênes du parti cofondé par son père Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen n’a eu de cesse de souhaiter la « dislocation » du grand parti de la droite. « Il faut encore quelques coups de boutoirs, quelques coups d’épaule, pour que le système UMP s’effondre », disait-elle en 2012, après de simples élections cantonales dont le Front national (FN) n’avait tiré que deux élus.
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