Si Bernard Arnault avait pour ambition de se faire entendre par les acteurs du monde politique, c’est manifestement réussi. Après son plaidoyer contre la fiscalité française, assorti d’une déclaration enthousiaste à l’égard de l’Amérique de Donald Trump, le PDG de LVMH a conduit plusieurs élus et responsables politiques à se positionner sur la question, alors que le budget fait l’objet d’âpres négociations entre l’exécutif et les socialistes.
Et comme souvent en la matière, chacun voit midi à sa porte. Pour la droite et l’extrême droite, l’homme le plus riche d’Europe qui brandit le chantage à la délocalisation en cas de surtaxe sur les sociétés dresse un constat lucide. « Bernard Arnault a raison ! La France a un incroyable talent : expulser les entrepreneurs qui réussissent ! Plutôt que de favoriser l’investissement et l’attractivité, le gouvernement Bayrou surtaxerait à 40 % l’impôt sur les sociétés des plus grandes entreprises françaises », s’enflamme sur le réseau social X Éric Ciotti, qui s’imagine en Javier Milei français.
Le fondateur de Reconquête, Éric Zemmour, partage ce constat. « Tout ce qui bouge on le taxe ; ce qui bouge encore on le réglemente ; tout ce qui ne bouge plus on le subventionne », a-t-il commenté, en reprenant une formule attribuée à l’ancien président américain Ronald Reagan.
Du côté de la droite gouvernementale, le ministre délégué en charge de l’Europe, Benjamin Haddad, a aussi appelé à prendre en compte les remarques du patron de LVMH, tout en soulignant les faibles marges de manœuvre budgétaire de l’exécutif pour corriger le dérapage du déficit. « Quand vous avez un grand entrepreneur qui exprime ce genre d’inquiétude, il faut respecter et écouter », a-t-il souligné, rappelant les baisses d’impôt décidées durant les sept premières années de la présidence d’Emmanuel Macron, marquées par une hausse de l’attractivité en France.
« Je comprends sa colère. Je comprends que dans la condition budgétaire dans laquelle nous nous trouvons, chacun doit prendre part aux efforts », a appuyé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, assurant que la surtaxe prévue serait « temporaire » et que ce « monument économique » pouvait compter sur un « gouvernement pro-entreprise ».
À gauche, au contraire, la sortie du multimilliardaire est perçue comme la démonstration que les grands patrons portent peu de considération à la solidarité nationale. « Bernard Arnault n’a vraiment honte de rien. En 2024, les actionnaires ont touché un record de dividendes, mais il se plaint encore. Non seulement son entreprise devrait payer plus d’impôts, mais lui devrait aussi payer un ISF climatique », a grondé la dirigeante écologiste Marine Tondelier.
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