Manuel Bompard est ressorti de l’Élysée « avec plus d’inquiétude encore » qu’en y entrant ce jeudi 7 mars. Comme le numéro 1 des insoumis, plusieurs responsables de partis d’opposition, reçus par le chef de l’État pour aborder la guerre en Ukraine, expliquent leurs craintes face au discours offensif tenu par Emmanuel Macron. Selon plusieurs participants, le président de la République a effectivement expliqué aux dirigeants des partis représentés au Parlement qu’il n’y avait « aucune limite », « aucune ligne rouge » au soutien de la France à l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Un discours qui suscite la réprobation quasi unanime de ses opposants, une semaine après des déclarations déjà remarquées concernant la possibilité d’envoyer, un jour, des troupes au sol pour aider Kiev. Des écologistes à l’extrême droite, nombreux sont ceux à demander une forme de désescalade.
« Le président de la République ne semble pas vraiment prendre la mesure du risque que pourrait faire courir pour la France et le monde en général un entêtement dans cette voie militaire », a ainsi déploré le coordinateur national des insoumis Manuel Bompard, confirmant « l’isolement » du chef de l’État autour de la table. Dans le même esprit, le patron du parti communiste Fabien Roussel a fustigé, sur les réseaux sociaux, un changement de cap dans la stratégie française avec « la guerre comme seul horizon. » « La France doit prendre la tête d’une coalition pour une solution diplomatique », a-t-il exhorté. Mêmes craintes chez les écologistes. Leur cheffe, Marine Tondelier, juge « extrêmement inquiétant de voir un président de la République français qui explique, face à quelqu’un qui détient l’arme nucléaire que nous détenons nous-mêmes, qu’il faut montrer que nous sommes sans limite ».
Un reproche qui reprend quelque peu celui de François Hollande. Reçu mercredi à l’Élysée, l’ancien président socialiste a rappelé sa doctrine quand il était au pouvoir : « Moins on en dit » en matière militaire, « mieux on agit ». « On a un président qui, malheureusement, comme toujours, joue » pour « instrumentaliser la guerre » et « aborder les élections européennes avec les habits d’un chef de guerre », a renchéri le premier secrétaire du PS Olivier Faure ce jeudi. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir le Rassemblement national – souvent accusé de complaisance à l’égard du Kremlin et de Vladimir Poutine – se montrer lui aussi très critique quant aux récentes prises de parole du chef de l’État français. « Il faut soutenir l’Ukraine, mais il faut faire en sorte que la France n’entre pas en guerre elle-même », a ainsi expliqué Jordan Bardella ce jeudi matin à l’issue de deux heures et demie de réunion à l’Élysée, indiquant avoir condamné, auprès du président de la République, ses positions « va-t-en-guerre. » « Il est prêt à un soutien sans limite et semble-t-il jusqu’au-boutiste à l’Ukraine », a-t-il encore soufflé.
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