Jean Castex a toujours eu le rail dans le sang. Enfant, il quittait le Gers en train pour rejoindre Font-Romeu dans les Pyrénées-Orientales, où il a attrapé ce qu’il appelle volontiers "le virus du train". Passionné jusqu’à en écrire un livre sur la ligne Perpignan-Villefranche, l’ancien Premier ministre devient aujourd’hui chef de bord d’une SNCF en quête de redressement. Petites lignes, trains de nuit, fret ou TGV : le nouveau patron du rail français hérite d’un chantier colossal.
Dans les Pyrénées-Orientales, les voyageurs oscillent entre fidélité et lassitude. "C'est vrai que leurs services ne sont pas mal, mais je travaille à Perpignan et j'habite à Argelès. C'est vrai que des fois, quand le matin je me réveille et que je vois que les trains sont annulés, ce n'est pas si pratique que ça", confie une voyageuse devant la gare de Perpignan. Alors qu'une jeune femme se plaint des retards, une autre renchérit : "La signalétique, on n'y comprend rien et vous n'avez plus une seule personne pour vous renseigner. Prendre des billets, tout ça, tout est automatique." Les attentes sont claires : plus de régularité, plus d’humain et moins de pannes au quotidien.
Après Matignon, Jean Castex avait retrouvé le métro avant de prendre la tête de la RATP. Dialogue social apaisé et lutte contre la fraude ont alors marqué son passage. Cette expérience vaut aujourd’hui test grandeur nature. Mais la CGT-Cheminots, prudente, préfère attendre avant d’applaudir. "Nous, les cheminots, nous serons toujours attachés au service public ferroviaire et donc Monsieur Castex peut compter sur nous s'il veut redévelopper des lignes, s'il veut rouvrir des lignes comme la ligne de Céret, on sera là !", rappelle un représentant syndical. Avant de prévenir : "Par contre, oui, si ce sont les fermetures de lignes, si c'est toujours plus de privatisation et surtout le gel des salaires, la dégradation des conditions de travail, il nous aura en face de lui et ça c'est normal."
À la tête de la SNCF, Jean Castex réalise un vieux rêve. Mais l’amour du train et l’accent du Sud-Ouest ne suffiront pas à faire rouler les ambitions. L’ancien Premier ministre devra composer entre la méfiance des syndicats, les attentes des voyageurs et la modernisation urgente du réseau. Son plus grand défi : ne pas dérailler.
|