Le vernis du macronisme se fissure sous les coups de ses propres héritiers. En quarante-huit heures, trois anciens Premiers ministres ont porté l’estocade à celui qui les avait faits rois. Édouard Philippe a ouvert la voie à une élection présidentielle anticipée, Gabriel Attal a confessé qu’il « ne comprenait plus » les décisions du chef de l’État, et Élisabeth Borne s’est dite prête à « suspendre » la réforme des retraites, son propre totem politique qui a mis un million de personnes dans la rue, pour éviter une dissolution. Trois gestes différents, une même portée : la décomposition organisée du macronisme. En 2017, ils incarnaient la promesse du « dégagisme » ; en 2025, ils en signent l’acte de décès. Ils ne tournent pas la page : ils referment le livre.
Tous ont été choisis par Emmanuel Macron pour des raisons qui, aujourd’hui, se retournent contre lui. Le premier, juppéiste rassurant, devait incarner la droite raisonnable ; il est devenu son rival, patient, méthodique, presque compatissant. Le second, pur produit du macronisme communicant, en a maîtrisé les codes — vitesse, image, séduction — avant de s’en libérer avec l’aplomb d’un héritier trahi, furieux d’avoir été tenu à l’écart d’une dissolution décidée dans son dos. Quant à la troisième, loyale jusqu’à l’humiliation, elle finit par renier sa propre réforme pour sauver sa propre survie politique. En voulant tout incarner, Macron a fabriqué des clones de lui-même. Et les clones, tôt ou tard, cherchent à éliminer l’original.
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