Après avoir dit, depuis plus d'un an, non systématiquement, Emmanuel Macron a fini par céder. Le chef de l'État a annoncé jeudi soir lors d'une interview sur France 2 et Tf1 que la France allait livrer des avions de chasse Mirage 2000-5 à l'Ukraine d’ici à la fin de l’année. « Nous allons bâtir une coalition avec d'autres partenaires », a-t-il expliqué, sans préciser le nombre d'appareils qui seront fournis. Paris cherche à convaincre d’autres pays possédant aussi des Mirage d’en céder des exemplaires. La Grèce, l'Inde, le Qatar, les Émirats arabes unis ou le Brésil utilisent cet avion sorti des usines de Dassault Aviation (*). «Dès cet été», des pilotes ukrainiens seront formés en France sur ces appareils. Pour l'instant, l'armée de l'air n'accueille qu'une dizaine de pilotes ukrainiens pour des formations initiales sur Alpha jet. Il faudra plusieurs mois pour qu’ils soient opérationnels.
Jusqu'à présent, la France avait écarté l'hypothèse de livrer des Mirage 2000 pour ne pas affaiblir la flotte de l'armée de l'air, taillée au plus juste, et par souci de cohérence. Pour l'Ukraine, équipée de Mig21 de conception soviétique, et qui s'apprête à recevoir dans les prochains mois des avions F16 américains, ajouter un nouveau type d'appareil pourrait se transformer en casse-tête logistique. L'armée de l'air n'a pas non plus les effectifs pour former beaucoup de pilotes.
Mais toutes ces réserves n'ont pas tenu face à l'urgence. Le chef de l'État semble décidé à prouver à Volodymyr Zelensky, qu'il reçoit vendredi à l'Élysée après l'avoir accueilli jeudi aux cérémonies du Débarquement, que la France veut rehausser son engagement vis-à-vis de l'Ukraine. «Nous ne voulons pas d'escalade de la guerre», a assuré Emmanuel Macron, tout en souhaitant donner à Kiev les moyens de se défendre. Grâce aux avions occidentaux, même en nombre limité, l’Ukraine sera en mesure de renforcer ses défenses aériennes.
En difficulté sur le champ de bataille, l'Ukraine a des besoins urgents… Emmanuel Macron a annoncé la prochaine formation d'une brigade de 4500 soldats, équipée et armée. L’annonce est plus symbolique qu’autre chose, au moment où l’Ukraine cherche à mobiliser plusieurs centaines de milliers d’hommes. La formation de la future brigade ne se déroulera pas en Ukraine. Le chef de l'État n'a pas encore réussi à entraîner derrière lui d'autres pays européens prêts à envoyer des instructeurs en Ukraine, comme il l’aurait souhaité. Le ministre de la Défense ukrainien, Roustem Oumerov, «a adressé une demande officielle il y a 48 heures» à ses partenaires pour des formations dans son pays, a rapporté Emmanuel Macron. Les réticences sont fortes entre Occidentaux autour des risques d'engrenage.
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