Bientôt le retour d'un ministère de l'Immigration ? Michel Barnier y réfléchit, a appris franceinfo de sources concordantes lundi 9 septembre. Le nouveau Premier ministre poursuit ses consultations et discussions en vue de former un gouvernement. Il a déjeuné avec Emmanuel Macron avant de recevoir les représentants du groupe Liot dans l'après-midi. Parmi les pistes envisagées : le retour d'un ministère de l'Immigration. Un précédent ministère de "l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire" avait été créé en 2007 sous le gouvernement Fillon, lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. Il avait été dirigé par Brice Hortefeux puis Éric Besson, avant d'être supprimé en 2010. Le retour d'un ministère de l'Immigration serait un sérieux signal politique, presque un coup de tonnerre.
Selon les informations de franceinfo, des préfets qui sont ou ont été en poste dans des départements confrontés aux questions migratoires sont même approchés. Le processus de recrutement et la réflexion sont donc enclenchés pour trouver un ministre, mais aussi un directeur de cabinet et des conseillers. "Il faut des profils de haut niveau, qui connaissent les services de l'État et le terrain", applaudit un député Les Républicains. En réalité, c'est toute la droite qui - en coulisses - pousse l'idée du retour d'un ministère de l'Immigration. "Ce serait un message fort", se réjouit un soutien de Michel Barnier, pour qui une telle décision s'inscrirait dans "l'ADN politique" du nouveau Premier ministre.
Dès 2021, lors de la primaire Les Républicains, lorsqu'il briguait la candidature à l'élection présidentielle de 2022, Michel Barnier plaidait pour un moratoire sur l'immigration. Vendredi soir sur TF1, il a aussi promis des "mesures concrètes" notamment pour renforcer les frontières qui restent selon lui "des passoires". Sollicité par franceinfo lundi, Matignon n'a jamais démenti, assurant que si rien n'est acté, les discussions et les consultations se poursuivent.
À l'AFP (Agence France presse) lundi soir, après les révélations de franceinfo, son entourage fait savoir que le Premier ministre "réfléchit aux moyens les plus efficaces pour obtenir des résultats", tout en se méfiant "des effets d'annonce", ce qui n'est pas un démenti ferme. Il faut dire que le sujet est explosif, symboliquement très fort, moins d'un an après le vote de la loi immigration. "Ça rappelle Hortefeux, Besson et les années Sarkozy", s'étrangle un député du camp d'Emmanuel Macron. Pour un autre, cela reviendrait à donner "trop de place à Marine Le Pen et ses idées dans le débat politique". "Un épouvantail, capable de faire exploser le groupe" selon un troisième.
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