"Envoyé Spécial" a diffusé, jeudi 25 novembre, le témoignage de cinq femmes qui accusent l'ancien ministre et animateur de télévision, Nicolas Hulot, d'agressions sexuelles. Ces faits auraient eu lieu entre 1989 et 2001 et sont désormais prescrits. La journaliste Virginie Vilar a obtenu la confiance de ces femmes pour le magazine de France 2. Son enquête débute en octobre 2017, au moment où l'affaire Harvey Weinstein éclate aux Etats-Unis. Les révélations autour du puissant producteur hollywoodien poursuivi pour de multiples agressions sexuelles engendreront le mouvement #Metoo.
"A ce moment-là, on se dit qu'il faut que l'on enquête en France. Et une histoire nous parvient, celle d'une femme qui se dit harcelée par Nicolas Hulot, raconte la journaliste. Cette histoire nous paraît alors très crédible. Au fil des mois, d'autres témoignages suivront." Il est question de supposés gestes déplacés, de comportements inappropriés, d'agressions sexuelles et même d'un viol. Certaines de ces femmes acceptent de livrer leur témoignage face caméra. D'autres préfèrent rester anonymes, ne pas s'exposer tout en contribuant à l'enquête.
Cette enquête aura duré près de quatre ans. "J'ai rencontré ces femmes dans des cafés, chez elles, elles se sont confiées à moi. On le voit dans le reportage, à chaque étape, différents éléments les ont décidées à parler. Et on voulait aller à leur rythme. On ne les a jamais forcées à témoigner. Si on diffuse ce reportage aujourd'hui, c'est parce qu'elles nous ont donné leur accord et qu'elles sont enfin prêtes", poursuit Virginie Vilar. Ce temps long a permis aussi d'opérer toutes les vérifications nécessaires.
"Nous sommes également en contact avec Nicolas Hulot et ses avocats depuis plusieurs semaines", a rappelé jeudi soir la présentatrice Elise Lucet. "Nous leur avons proposé de réagir aux accusations portées contre lui. Ses avocats nous affirment que Nicolas Hulot n'a jamais agressé aucune femme." Afin que l'ancien ministre puisse tout de même être entendu, que les notions d'équilibre et de contradictoire essentielles à tout exercice journalistique soient respectées, la rédaction du magazine a décidé de diffuser le seul échange téléphonique entre Nicolas Hulot et Elise Lucet le 9 novembre dernier.
Invité à s'exprimer sur BFMTV mercredi, à la veille de la diffusion de l'enquête sur France 2, le fondateur de la Fondation Nicolas-Hulot pour la Nature et l'Homme a dit manquer d'informations sur ses accusatrices. Il reproche à "Envoyé Spécial" de ne pas lui avoir fourni suffisamment d'éléments. "Nous avons effectivement refusé de communiquer l'identité de ces femmes par souci de protection des sources", explique Gilles Delbos, rédacteur en chef du magazine de France Télévisions. "Ces dernières semaines en revanche, nous avons adressé six courriers successifs à ses avocats avec des éléments précis : périodes concernées, lieux et surtout retranscription de l'essentiel des propos que nous envisagions de passer à l'antenne. Nous avons aussi proposé de rencontrer Nicolas Hulot afin qu'il visionne les témoignages. Il n'a pas donné suite et dénonce un tribunal médiatique."
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